L'histoire :
Lorsque la mère de Guillaume, désormais veuve, s’apprête à se remarier avec l’arrogant et fourbe bailli Brifaut, le garçon fuit son foyer et part à la recherche de sa sœur Hélis. Il a finit surtout par penser, comme elle, qu’il existe un moyen de retrouver leur défunt père, un alchimiste marginal, dans des « contrées lointaines ». Encouragé par sa tante, et guidé par des signes ésotériques, il est accompagné par un ancien brigand reconverti en chevalier, un troubadour un peu fumiste, et une chèvre. Les aléas de son expédition l’amènent à recevoir un coup de poignard. Au moment de l’impact, il se réveille dans un monde fabuleux déroutant : il est entouré de créatures anthropomorphes, mais dépourvues de têtes et dont le torse constitue le visage. Paniqué au début, il perçoit rapidement leur pacifisme et découvre qu’en touchant une pierre emportée de la tombe de son père, la communication devient possible ! Il sympathise avec l’un d’entre eux, Acéphore, qui lui propose de l’emmener sur sa barque, sur la mer. Car en semant une graine magique, il a appris que pour trouver son père, il lui faut traverser la « mer de sable ». Mais c’est loin d’être gagné car dès que la nuit tombe, les créatures s’endorment toutes d’un sommeil de plomb…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fichtre, voilà une série qui ne manque pas de surprises ! Alors qu’on la pensait inscrite dans un genre médiéval légèrement mâtiné de fantastique, ce second volet fait entièrement évoluer notre jeune héros dans un univers légendaire, sur un mode narratif proche des récits mythologiques. Gwen de Bonneval rivalise d’imagination pour nous décrire ces contrées lointaines : des torses-visages, des dauphins-femmes, des hommes-dogues, un aigle-lion, tantôt bienveillants, tantôt hostiles… Le summum est atteint lorsque Guillaume rejoint le garde-manger des hommes-dogues, peuplé de dizaines de créatures « poly-anthropo-zoo-morphes ». Si le déroulé du récit est linéaire, on se délecte de l’originalité de ces aventures qui cheminent bien loin des sentiers battus, dans des contrées effectivement lointaines. Le personnage du prêtre Jean, despote omnipotent et hypocrite jusqu’envers lui-même, est sans doute l’une des meilleures trouvailles de l’épisode, qui se conclue une nouvelle fois de manière surprenante… en route vers le troisième et dernier volet de ce premier cycle. Réaliste, élégant, précis, fluide, le dessin de Matthieu Bonhomme est évidemment (toujours) épatant, surtout pour magnifier l’atmosphère étrange. Le dessinateur réitère l’emploi de cette fusion encrages (les principaux traits) et crayonnés (le volume, les ombres), sobrement colorisée en aplats par Walter, qui donne tout son caractère à la série. Une réussite…