L'histoire :
En Suède, de nos jours, un groupe d’extrême droite appelé « la Nouvelle Sparte » a enlevé trois hackers – Plague, Bob the dog et Trinity – pour pirater les données informatiques de la Säpo, les services secrets suédois. Ces spartiates ont dès lors mis la main sur l’intégralité du sulfureux programme de surveillance Hugin, qui espionne de manière tout à fait illégale les autres nations du monde. La menace de la révélation mondiale sur ce programme sensible leur permet de réclamer une rançon de 30 milliards de couronnes au gouvernement. Or au même moment, Lisbeth Salander, hackeuse et punkette, et le journaliste indépendant Mikael Blomqvist se sont eux-mêmes infiltrés au sein du réseau Sparta, au moment où le mouvement organise une convention avec leurs militants. Lisbeth Salander et Blomqvist ont alors réussi à prendre en otage le leader, Borrow, et ils se sont retranchés dans son bureau fortifié, afin qu’il révèle où se trouvent les hackeurs emprisonnés. Mais ils ne peuvent se résoudre à le torturer pour le faire parler et donc Borrow reste mutique. Surtout, son service de sécurité s’apprête à passer à l’action pour le libérer. C’est alors qu’intervient un providentiel groupe commando dirigé par Dragan Armanski, un ami de Blomqvist qui dirige une milice d’intervention privée. Il a été mobilisé par Erika Berger, la collègue de Blomqvist à la tête du média Millenium…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Sylvain Runberg et sa dessinatrice Belem Ortega apportent ici la conclusion de leur thriller dérivé de la saga Millenium de Stieg Larson. Dans le sillage de ce média indépendant, le duo de protagonistes Lisbeth Salander et Mikael Blomqvist se retrouve confronté à des thématiques très actuelles dans la géopolitique complexe et l’espionnage fétide de notre décennie. On pense aux révélations des Wikileaks, aux montés des populismes dans nos pays démocratiques, voire encore aux cyber-attaques capables de déstabiliser une démocratie ou de la discréditer auprès de ses alliés. Tous ces sujets sensés se greffent sur un savoir-faire narratif qui n’est plus à prouver chez Runberg. Prise d’otage, fusillades, courses-poursuites, sont de nouveau au menu de cet ultime opus. Pour autant, ce troisième tome donne un léger sentiment de facilité, en déroulant un dénouement certes équilibré en matière de rythme et de révélations rationnelles, mais presque sans surprise, archétypé. L’intervention de la « cavalerie », le simple écorchage des héros en compensation du sacrifice d’un protagoniste, l’étonnante rentrée dans l’ordre après un beau bordel politique… Runberg ne prend pas de risque. De même, Belem Ortega cède de plus en plus souvent à la rapidité, et aux automatismes. Son dessin encré se révèle certes très dynamique lors des phases d’action, mais elle ne peaufine guère les détails ou les fonds souvent négligés. On est sans doute un brin exigeant, eut égard à l’excellent divertissement qui en résulte, mais les premières intrigues de Millenium avaient placé les curseurs graphiques et narratifs tellement haut…