L'histoire :
Monika est une artiste contemporaine, créatrice d'installations à base de vidéos, dont le meilleur ami est un informaticien de génie. Pas très à cheval sur les principes moraux, Théo revient du Japon où il a volé le doigt bionique d'un programme d'androïdes qu'il va reprendre à son compte, dans l'atelier secret de sa maison de campagne. Il a également cracké pour Monika le disque dur de sa sœur Erika, mystérieusement disparue. Il y trouve des traces d'un homme politique dont la carrière connait une ascension fulgurante. Christian Epson incarne une sorte de gauche ultra médiatique, qui rassemble autour d'un physique de séducteur les idées les plus en vogue du moment. Epson est irrésistible, les médias l'adorent, et Erika a visiblement cédé à son charme. En découvrant que le jeune politicien a des échanges réguliers avec la patronne d'un club privé échangiste nommé Eleusis, Théo donne à Monika une ouverture inespérée. La jeune artiste va se construire un personnage d'un soir, perruque blonde et tenue ultra sexy, pour aller à la rencontre de celui qui la rapprochera peut-être d'Erika...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Thilde Barboni construit une histoire en deux tomes qui semble faite sur mesure pour le trait fin de Guillem March, dont les personnages féminins élancés possèdent une vraie sensualité. Une enquête dans les milieux de clubs très privés, où des clients élégants et masqués jouent à la séduction avec des femmes triées sur le volet. Les auteurs jouent sans abuser de ce contexte charmeur, sans oublier de donner à Monika une personnalité plutôt affirmée. La jeune artiste n'est pas une potiche, tout comme Epson s'avère rapidement un politicien peu regardant sur les principes. Dans une atmosphère plutôt éthérée, habillée de couleurs inhabituelles mêlant les nuances de rose et les bleu-verts, les secrets de l'enquêtent commencent à se lever dès ce premier tome. Le contexte comme les enjeux sont suffisamment inhabituels pour capter l'attention et susciter la curiosité. Le dessinateur espagnol n'est pas pour rien dans l'intérêt de cet album. Il a élaboré pour l'occasion un style plus délicat que ses travaux nombreux dans les comics de la maison DC. Le duo fonctionne de manière convaincante, donnant une patte originale à cette entrée en matière dont la couverture est très réussie. Notre curiosité est aiguisée pour la conclusion à venir, même si le nombre de pistes ouvertes va demander une vraie rigueur à la scénariste du diptyque.