L'histoire :
En raison d'une tempête de neige annoncée pour plusieurs jours, l'hôtesse de l'air Natacha et son collègue steward Walter sont coincés dans un hôtel attenant à l'aéroport de New York. Natacha profite de ce moment de répit pour poursuivre la lecture des carnets de voyage de sa grand-mère. Seule dans sa chambre, nue sur son lit, elle se laisse envoûter par l'aventure jusque tard dans la nuit. Puis, gagnée par le sommeil, elle passe aux toilettes mais se trompe de porte : elle se retrouve à poils dans le couloir, après avoir claqué la porte de sa chambre et laissé la clé magnétique à l'intérieur. Elle n'a d'autre solution que de frapper à la porte de Walter, qui l'accueille ensuqué pour une longue nuit de... lecture ! Car l'aventure de la grand-mère concerne aussi le grand-père de Walter, ainsi que la petite Aïcha, une algérienne qui leur a jadis été confiée. En 1848, ils voguent tous trois sur un voilier, « l'Epervier bleu », dans l'atoll de Tuatupuri de Mélanésie, à des fins d'études ethniques. Ils s'apprêtent à mouiller l'ancre dans une baie sableuse, lorsque le sommet du mât d'un autre voilier dépassant de la surface attire leur attention. « Tante Nana » effectue alors une plongée de reconnaissance. A l'intérieur du navire immergé vraisemblablement depuis peu, elle trouve le cadavre d'un homme poignardé, tenant dans sa main une boucle d'oreille...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme pour L'hôtesse et Mona Lisa, Le grand pari, Les culottes de fer et Le regard du passé, ce 22ème album met en scène une aventure d'antan vécue par la grand-mère exploratrice « Natacha » de l'hôtesse de l'air Natacha. Pour un double effet de variation, les traditionnels fuselages et cockpits d'avions font place aux gréements d'un petit voilier, baptisé L'épervier bleu. L'héroïne sosie est une nouvelle fois accompagnée du grand-père de Walter, lui aussi sosie et prénommé Walter... Une technique rudement pratique – à défaut d'être finaude – pour favoriser la transcription et l'assimilation des personnages à une autre époque. Pour décor, François Walthéry renoue aussi avec les exotiques rivages sablonneux, comme pour L'île d'outre-monde, sans doute l'aventure la plus sexy et emblématique, à laquelle l'auteur se raccroche souvent. Si on croque volontiers, comme dans une madeleine de Proust, dans ce graphisme suranné, surchargé, mais au dynamisme semi-réaliste diablement maîtrisé et attachant, on doit aussi hélas reconnaître que cette histoire de pirates modernes voleurs de perles est laborieuse, confuse et peu palpitante. Hélas, en 2014, on ne fait plus de BD comme dans les années 70... L'évolution des techniques narratives a sérieusement élevé le niveau. Autrefois pilier du Journal de Spirou, feu le scénariste Sirius (décédé il y a 17 ans) a jadis rythmé une intrigue encombrée par de nombreuses séquences, rebondissements et dialogues superfétatoires. Par exemple, la petite Aïcha n'a ni épaisseur, ni origines clairement expliquées : elle semble juste assumer le rôle « technique » de l'atout tendre et débrouillard. Autre mauvaise nouvelle : un tome 23 sera nécessaire pour conclure cette aventure couvrant donc deux volumes...