L'histoire :
Une vieille dame raconte l’incroyable affaire policière à laquelle elle a été confrontée. Elle habite à Giverny et après sa promenade très matinale sur le bord de la rivière, en compagnie de son chien Neptune, elle passe ses journées à observer le ballet des touristes, dans ce village au cadre naturel et architectural préservé. Giverny fut en effet l’unique source d’inspiration du peintre impressionniste et mondialement vénéré Claude Monet, sur les 30 dernières années de sa vie. A l’époque, il peignait des centaines de Nymphéas, sous différentes lumières et différentes saisons. Ce matin-là, à l’aube, la vieille dame croise un cadavre dans la rivière. Une blessure au crâne, une autre dans le cœur. Elle connait cet homme, il s’agit de Jérôme Morval, ophtalmologue à Rouen, mais originaire du village. Un inspecteur de police et son adjoint sont chargés de l’enquête. Ils prennent des moulages d’empreintes de bottes et interrogent les connaissances de Morval. La réputation adultère de Morval n’est plus à faire… Se pourrait-il que la belle institutrice Stéphanie Dupain soit liée à ce crime ? Dans le veston de la victime, une carte postale s’adresse à une fillette de 11 ans. La jeune Fanette Morelle est-elle impliquée, elle qui montre de jolies dispositions pour la peinture ? Et quid de la légendaire toile des Nymphéas noirs, exception rare et non répertoriée dans la carrière artistique de Monet ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les nymphéas noirs, roman écrit par le rouennais Michel Bussi, a été le polar le plus récompensé en 2011. Il est difficile de souligner la remarquable adaptation BD qu’en fait Fred Duval, sans évoquer la mécanique narrative astucieuse… Mais essayons de ne pas trop en dévoiler pour maintenir le plaisir de lecture intact. D’emblée, la trame policière est solide et grave. Il y a tout de même plusieurs meurtres qui s’accumulent, à plusieurs époques, mus par différents mobiles. Et un policier expérimenté qui mène sérieusement l’enquête, abandonnant juste sa rigueur aux yeux doux d’une élégante jeune femme. Elle est une des clés de l’affaire… mais pas suspecte, ce qui autorise les égards et les égarements, n’est-ce pas ? Duval utilise savamment la voix off narrative, met en place toute une mécanique de faux-semblants, différentes pistes plausibles, joue avec la temporalité, avec les lieux, use et abuse du saut séquentiel sans transition. Et c’est dans un ultime chapitre final que tout s’explique, génialement. Et le lecteur de revenir en arrière pour chercher comment il a pu louper l’évidence. Ce village rural à la fois touristique et préservé dans son architecture et sa nature se révèle un cadre idéal pour une telle trame, hors du temps. La gravité des faits se soulage de cet environnement finalement paisible et nimbé de lumière. Pour son premier album chez Dupuis, au sein de la prestigieuse collection Aire Libre, le dessinateur Didier Cassegrain profite fort agréablement de ce décor. Sur près de 140 planches, il déroule une griffe artistique semi-réaliste cohérente, qui n’appartient qu’à lui et qui cohabite fort bien avec les œuvres impressionnistes de Monet, évidemment elles aussi au centre des débats.