L'histoire :
Après un réveil jovial, Petit Poilu fait son petit caca matinal en lisant une BD (l’Ours Barnabé !). Il prend son petit-déjeuner en se tartinant le nez de confiture de mûres et enfile son sac à dos orange pour partir à l’école. Chemin faisant, il sort de son sac à dos une loupe, afin d’observer un insecte qui gambade. La bestiole avance et grimpe sur un miroir qui se trouve curieusement planté là, sur son chemin. Face à lui-même, Petit Poilu ne peut s’empêcher de se faire des grimaces et s’approche au plus près de son reflet… jusqu’à passer de l’autre côté du miroir ! A l’intérieur de ce nouveau monde, il trouve d’autres miroirs déformants et s’en amuse. Puis deux mains gigantesques le saluent et l’emmènent pour une séance de travaux manuels. Découpe, couture, peinture fabriquent petit à petit une marionnette de lui-même, un poil plus grande car adaptée aux mains géantes du démiurge. Une fois animée par cette main, la marionnette emmène Petit Poilu sur une scène pour une représentation guignolesque devant un parterre d’enfants ravis. Le « grand » Poilu s’amuse alors à imiter tout ce que fait Petit Poilu. Les enfants rient. Petit Poilu se vexe progressivement, jusqu’à se mettre très en colère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la 17ème fois, Petit Poilu obéit à la lettre – et néanmoins sans aucun phylactère – au fil narratif qui a fait son succès, pour mieux s’adresser aux tout-petits. Les étapes traditionnelles de son périple scolaire (une école à laquelle il n’arrive jamais !) ponctuent cette fois une aventure dans un monde parallèle sans spécificité de décor, mais face à un double de lui-même. Qu’importe le démiurge qui fabrique et actionne cette marionnette alter-ego qui se moque du petit héros en singeant ses faits, ses gestes et en pointant ses faiblesses (la timidité). L’important est que cette mimique touche Petit Poilu en son for intérieur et le fait sortir de ses gonds. Etre capable de se juger dans un environnement social, de reconnaître ses défaut jusqu’à l’humilité, de repousser les frontières de la susceptibilité : voilà le propos central habile de ce volume. Les plus jeunes lecteurs ne percevrons certes pas de manière aussi explicite la morale mise en place par Céline Fraipont, mais elle fera assurément œuvre éducative. Le dessin de Pierre Bailly demeure quant à lui dans la durée d’une simplicité et d’une lisibilité remarquables.