L'histoire :
En se promenant dans le cimetière où officie le fossoyeur Pierre Tombal, un quidam trouve une tombe originale où il est indiqué « Ci git un inconnu au bataillon ». Devant la perplexité du visiteur, Pierre lui propose de demander carrément au défunt de lui raconter cette drôle de mort anonyme. Dont acte : l’homme s’installe sur un tabouret pliant devant la tombe et écoute la voix venue de six pieds sous terre. Tout a commencé à bord d’un avion de ligne, dont les réacteurs sont subitement tombés en panne. D’un grand professionnalisme, avec un zen surréaliste, les hôtesses ont alors indiqué aux passagers que rien ne servait de paniquer : l’avion allait de toute façon s’écraser et les passagers allaient tous mourir. La panique n’y aurait rien changé. Aussi, pour aider l’identification des corps après le crash, elles ont demandé à chacun de mettre une pièce d’identité ou un passeport dans sa bouche. Et tandis que l’avion finissait son piqué vers le sol, tout le monde s’est exécuté, y compris le défunt. Son souci est qu’il était le seul à posséder un dentier, que la violence du choc a éjecté parmi les débris, rendant son corps cramoisi totalement anonyme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et de 30. Les recueils de Pierre Tombal se suivent et… se ressemblent. Depuis 1986, Raoul Cauvin et Marc Hardy animent les gags de ce fossoyeur jovial en son cimetière, un personnage à casquette et gros-nez qui papote aussi bien avec ses pensionnaires qu’avec la grande faucheuse. En soi, l’idée de départ était excellente et elle était promise à foultitude de déclinaisons. Mais 30 albums fois 46 pages, cela fait 1380 planches… et au terme de ce cumul, force est de reconnaître que l’inspiration est devenue molle. Cauvin a beau être l’un des plus prodigieux serial-gagueur de la bande dessinée, il force ici clairement son talent, pour ne pas dire qu’il réitère un énième remplissage. Les sujets de départ ne manquent pourtant pas de variété : un crash d’avion, la manœuvre de Heimush, la dépression de la mort, le vidage de l’ossuaire, le cycle de la mort et de la vie, le déménagement d’un cimetière en amont de l’édification d’un barrage… Hélas, le ressort comique final fait souvent défaut. Marc Hardy conserve quant à lui intact le dynamisme un peu brut qui fait sa griffe, une nouvelle fois rehaussé des couleurs chatoyantes de Cerise.