L'histoire :
Deux tireurs sénégalais sont engagés, malgré eux, au sein de l'armée française, durant la seconde guerre mondiale. Ces deux soldats, aux personnalités diamétralement opposées, vivent deux amours rendus presque impossibles en raison de leur captivité. Finalement, ils s'éprennent de deux femmes logées dans la ferme d'un breton, où les prisonniers sont réquisitionnés par l'armée allemande, pour porter main-forte au fermier qui la nourrit. Ibrahim, tireur sénégalais, et Simone, la fille du fermier, filent ainsi le parfait amour. L'amour que porte Addi Touré, l'autre tireur sénégalais promis pourtant à une carrière de prêtre, pour la belle-fille du propriétaire de la ferme, se complique avec le retour inopiné du champs de bataille du mari de sa promise. Or ce dernier a perdu sa tête et sa mémoire lui joue des tours. Il retrouvera rapidement ses esprits quand, touché dans son amour propre, il se venge d'une épouse éprise d'un autre homme. Il faudra que chacun trouve sa place et réalise ses rêves (ou pas) au cours d'un parcours semé d'embûches psychologiques, idéologiques et même physiques...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plus près de toi est une belle bande dessinée, certes très romancée, mais qui met la lumière sur bien des aspects humains. Tout ce qui s'y passe est possible, même s'il s'agit d'une fiction. Ainsi, on apprécie la différence de personnalité des tireurs sénégalais qui, malgré leurs différences, démontrent une belle complémentarité et solidarité. Tout au long du récit, on se prend de compassion pour ces soldats qui ont tout donné à une nation qui n'a pas hésité à les renvoyer manu militari en Afrique, une fois la guerre terminée. Les deux hommes aspirent pourtant à une vie paisible auprès de celles qu'ils aiment. Or le sentiment d'une fin tragique développée au cours du premier récit ne fait que s'accentuer au fil des pages. On devine facilement la fin de l'histoire et la lueur d'espoir qui naît à son terme ne parvient pas à effacer les regrets éternels que de tels amours ont pu échafauder. On reste attaché à chaque personnage, même si certains d'entre eux ne sont que de passage. Du côté du dessin, on apprécie le trait rond de Jean-Claude Fournier, toujours aussi lumineux et expressif. Il n'est pas sans rappeler les heures fastes de l'âge d'or de la bande dessinée. Même si on aurait préféré que cette belle histoire se termine différemment, on ne peut qu'apprécier l'œuvre dans son ensemble. Une réussite !