L'histoire :
Simon Muchat est un auteur de bande dessinée en perte de vitesse. Complètement en panne d'inspiration, il ne fait plus de livres et regrette même ceux qu'il a fait précédemment, qu'il considère comme très mauvais. En proie au doute, Simon ne sait plus quel sens donner à sa vie. Il ne sait plus ce qu'il veut, ni même s'il souhaite continuer sa vie de couple avec Claire. En attendant de retrouver l'inspiration, Simon donne des cours de dessins dans des écoles. Un samedi où il prépare son atelier de lundi, il reçoit une invitation au mariage de sa cousine. Il explique alors à son amie qu'il ne compte pas y aller, car il ne l'a plus vu depuis 20 ans. Il n'a plus vraiment de contact avec les siens : il fait partie d'une famille qui « ne se voit pas ». Plus tard, lorsqu'il se rend à sa séance chez le psychiatre, Simon explique qu'il a déjà habité dans de nombreuses villes, mais que jusqu'à maintenant, il ne se sent chez lui nulle part. Il ne s'attache à personne, sans savoir pourquoi. Après cette révélation, la psychiatre du jeune homme lui conseille d'aller consulter un confrère masculin, car elle estime qu'ensemble, ils n'avancent plus depuis quelques mois. En sortant de sa séance, Simon est déçu. Arrivé chez lui, il se dispute avec Claire concernant l'achat d'une maison pour tous les deux. Le lendemain, il part, direction son pays natal, le Portugal, qu'il n'a plus revu depuis une vingtaine d'années. Un festival BD l'a invité à venir dédicacer son dernier ouvrage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est lors d'un festival BD se déroulant au Portugal que Cyril Pedrosa (Auto bio, Brigade fantôme...) imagine la genèse de ce one-shot. Un long projet de 264 pages, que la collection Aire libre de Dupuis accueille avec plaisir. Mêlant adroitement autobiographie et fiction, l'auteur nous présente la vie de Simon Muchat, un dessinateur d'origine portugaise vivant en France (comme lui), mais qui est complètement perdu, tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie privée (la véracité de cette situation est nettement plus douteuse). Alors qu'il ne sais plus quel sens donner à sa vie, il est invité au Portugal pour participer à un festival. Cela fait plus de 20 ans qu'il n'a pas mis les pieds dans ce pays. Lorsqu'il débarque, il se sent comme chez lui, même s'il ne parle pas un mot de portugais. De retour chez lui, Simon ne souhaite plus qu'une chose : renouer le contact avec sa famille. Il n'a en effet que de vagues souvenirs d'eux. Il se rend donc au mariage de sa cousine, puis de nouveau au Portugal afin de renouer le contact mais aussi pour découvrir le passé de sa famille. Qui était son grand-père ? Pourquoi a-t-il quitté le pays pour la France? Et pourquoi y est-il resté ? C'est à ces questions et à de nombreuses autres que Simon tente de trouver des réponses. Cette grosse tranche de vie est particulièrement agréable à suivre et nombre d'expatriés y trouveront du sens. Rassurons les rétifs qui auront peur de l'épaisseur de l'ouvrage : la lecture peut aisément se morceler. Les couleurs de Ruby et de Pedrosa lui-même, renforcent encore la force du récit, qui débute pourtant dans des tons gris et sombres, reflétant l'état de détresse du héros. Puis lorsque ce dernier arrive dans son pays natal, le chatoiement illumine les pages, en parallèle de l'état de bien-être de Simon. Un récit introspectif passionnant à suivre et mis en scène avec force et efficacité...