L'histoire :
Simon Breuil est écrivain doué mais tourmenté. Il est l’auteur du célèbre « L’appel du vide », un ouvrage cinglant mais brillant, qui a défrayé la chronique littéraire tout en lui faisant une pub d’enfer. Depuis, il ne se fait guère de souci quand à son avenir en librairie : il a la confiance de Bertie son éditrice, de son vrai nom Bertrande de la Roche-Joubert, avec qui il couche régulièrement. Car Simon mène une vie dissolue, collectionnant les maîtresses – il est bon amant – mais ne se satisfaisant d’aucune. Délaissée, sa femme Elsa devient folle, et Simon s’en fout un peu. Il ne vit que dans le but de comprendre son modèle en matière d’écriture : James Whales. Whales est un auteur américain sulfureux, chancre de l’obscénité mais néanmoins intouchable de par son talent (désormais éteint ?) et sa notoriété. A chaque fois que Simon rencontre Whales, et que ce dernier lui confie ses états d’âmes les plus sordides, il en ressort comme transformé, inspiré, illuminé. Bertie le sait car, plus prosaïquement, cela se matérialise systématiquement par de fougueux ébats sexuels…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienheureux celui qui comprendra tout ce qu’Emmanuel Moynot a voulu dire à travers ce one shot tourmenté. Mal-être de l’écrivain ? Voyage à travers les méandres d’un esprit torturé, de l’origine de la création, de sa finalité égoïste, de l’inconscient malsain tapis en chacun de nous ? Il y a un peu de tout ça, mais certainement bien plus… Toujours est-il que le malaise est omniprésent, surtout lorsque le personnage central, l’écrivain Simon Breuil, se laisse bercer par les propos abjects du personnage secondaire, l’écrivain James Whales. La traduction anglophone de ce patronyme est à l’origine du titre (l’un des plus longs du 9e art) : en anglais, whales signifie baleine. L’idée de Moynot est de se demander comment le mal-être crasseux de ce personnage peut-il fasciner à ce point l’écrivain, au point d’influer sur ses ardeurs créatrices. Paradoxalement, si le héros est un homme à femmes, le sexe faible ne représente en rien sa muse. Les femmes en prennent ici pour leur grade : elles sont soit faibles, soit salopes. Pour lui, l’adultère est un hobby, et pour le lecteur, un moyen de se « reposer » entre deux entretiens avec Whales. Graphiquement, le récit baigne évidemment en permanence dans la noirceur, alternant les tonalités de gris et de rares couleurs empruntées à la plus terne des palettes. Le « style Moynot », donc, parfaitement adapté à ce récit noir, intéressant, mais un peu hermétique…