L'histoire :
Employé exemplaire, Moreau est convoqué par le Ministère pour une mission bien spéciale. Il devra tenir des dossiers, des notes d’information sur une liste de personnes identifiées : Émilie Lisieux, Laziza, Jean-Jacques Denoël, Louis, Anne, Risbeck, Huberty… Il est 19 heures. Brigitte, employée dans un magasin de chaussures, demande à sa patronne si elle peut partir et éviter de faire la fermeture de la boutique. Elle doit aller chercher sa fille Chloé à la garderie et a peur d’arriver en retard. La gérante du magasin accepte mais n’hésite pas à lui faire une remontrance. En fait, Brigitte se rend dans un café, le Chloé, où elle doit entamer une nouvelle journée de travail. A son arrivée, le patron du bar lui fait une réflexion. Pendant le service, Brigitte échange avec des clients qui dissertent sur une campagne de publicité et donne son avis sur le stylisme choisi. En fin de soirée, elle quitte son service et ramène chez elle George, un poivrot étalé sur le trottoir, qui n’en n’est pas à sa première cuite. Il dormira sur le canapé. Alors qu’elle va se coucher, le téléphone retentit : Jacques Verdier, l’un des clients publicitaires la rappelle car il a apprécié sa franchise lors de leur rencontre dans le bar…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ces temps de grogne sociale sur fond de difficultés économiques, de violences urbaines, de montée des populismes et de confrontations idéologiques, le reboot de SOS Bonheur trouve tout son sens. En 1984, dans la série d'origine, Jean Van Hamme critiquait ouvertement la démocratie occidentale et le capitalisme outrancier, qui glissaient irrémédiablement vers un état totalitaire qui contrôlait la vie de tous. La guerre froide est bel et bien finie mais d’autres guerres sont apparues, celle des images, celles des idéologiques religieuses, celles des opinions. Aujourd’hui, la technologie s’est immiscée dans les rapports humains. Les réseaux sociaux ont remplacé le contact humain. Le replay a mis aux oubliettes le direct. Le politiquement correct a pris le dessus. Une autre forme de totalitarisme en quelque sorte… C’est justement l’orientation qu’a choisi Stephan Desberg pour poursuivre la série, tout en restant fidèle à l’esprit vanhammien. Cette reprise est judicieuse, s'appuyant sur le mythe de Faust, et nous invite à nous poser les bonnes questions sur des sujets de société : l’avenir de nos retraités, l’envers du décor de nos politiques, la recherche de la beauté absolue. Dans cet épisode 2, de la saison 2, encore meilleur que le précédent, Stephan Desberg nous laisse spectateur d’un monde en totale décrépitude (le vote télévisuel a remplacé le vote parlementaire) et n’hésite pas à égratigner nos dirigeants. Le dessin de Griffo est toujours aussi juste et efficace, renforcé par des couleurs froides, idéales pour évoquer un récit qui fait froid dans le dos. L’avenir nous appartient, libre à nous de l’interpréter… sinon nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer.