L'histoire :
Amandine est myope. Elle n’y voit rien du tout et n’a pas un centime à mettre dans une paire de lunettes. Elle a d’ailleurs bien d’autres préoccupations que de s’occuper de sa vue. Entre autre, depuis la mort récente de son époux, elle doit s’occuper de l’entretien de son auto. C’est pourquoi, enceinte jusqu’au groin d’une portée de 12 porcelets, elle arpente la route sinueuse qui doit la conduire au garage de Salvatore, le plus fameux mécanicien de la région. L’animal est un solitaire, un indéfectible amateur de fondue savoyarde, qui a élu domicile à 2000 m d’altitude pour qu’on lui fiche la paix. Pourtant, des clients, il en a plus que besoin : pour réaliser un fabuleux et mystérieux projet, il est contraint d’emprunter, par ici par là, une petite pièce ou deux sur les voitures qu’il répare. Amandine n’échappe pas à la règle et sous prétexte de lui faire goûter son savoureux mélange fromagé, il lui subtilise un morceau de son auto. Plus qu’une pièce et il approchera de son but : retrouver le sourire tendre et le poil brillant de son irrésistible Julie… Délestée mais heureuse de la réparation, notre future maman fait chemin inverse. Cependant, la myopie additionnée de neige et de verglas, provoque un incroyable accident. Voilà notre sympathique truie qui dévale, s’envole, chute, deltaplane jusqu’au toit d’un immeuble parisien. Le choc est rude et provoque l’accouchement immédiat. Et dans la confusion, l’un des porcelets disparaît…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cinq ans après Retour à Brest, le 4ème volet de la série, on retrouve le savoureux univers de Salvatore en intégrale couleurs (et format un chouya réduit). A priori réservées à ceux qui ne se sont pas encore laissés attraper par ces succulentes aventures, ces 216 pages pourraient tout de même ravir les aficionados du garagiste toxico de fondue savoyarde ou ceux, tout aussi nombreux, d’Amandine, la truie. Evidemment, ils auront sous les paluches la totalité des 4 premiers opus pour satisfaire leur boulimie d’humour, de cynisme ou d’analyse sociétale. Bref, pour se gaver de ce décalage si rondement servi par un cador de la bande dessinée. Mais surtout, ils pourront profiter de ce graphisme si déroutant, si peu accessible au départ et finalement parfait support d’un univers fantasque décliné avec jubilation. La première intégrale noir-blanc-sépia (parue en 2005) laisse place ici à une version couleurs, qui ne retire rien à la vivacité du trait, la profondeur des cadrages, la minutie, la précision… Pour les autres : qu’est ce-donc que Salvatore ? Pour l’histoire, on peut parler d’un double récit. D’un coté : le périple d’un génie de la mécanique décidé à aller retrouver en Amérique du Sud celle qu’il aime depuis l’enfance. De l’autre : une pauvre maman, miséreuse sociale complète, enquêtant sur la disparition de l’un de ses enfants. Ces deux aventures donnent naissance à plusieurs sous-récits et à une galerie de personnages zoomorphiques particulièrement bien travaillée. L’ensemble est servi par une narration judicieuse, qui joue la limpidité et la fluidité, malgré le méli-mélo savamment organisé. Le résultat va bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer en tournant les premières pages. Bien plus qu’une déclinaison burlesque enfantine, la série ouvre en permanence de nouveaux axes de réflexion. Et pour ceux qui croyaient que cette intégrale sonnerait le glas de la série, un mystérieux « A suivre… » nous invite à retrouver bientôt ces attachants compagnons…
