L'histoire :
Salvatore, petit garagiste très réputé, s’est installé reclus au sommet d’une montagne enneigée pour mieux mettre au point son plan : construire un véhicule hyper sophistiqué qui lui permettra de traverser l’océan pour rejoindre l’amour de sa vie, Julie. Au fil des années, il a récupéré un piston par-ci, une bielle par-là, au nez et à la barbe de ses clients… jusqu’à aboutir à ce magnifique engin roulant-flottant : la julimobile. Il ne lui manque plus qu’une seule pièce, rarissime : un adaptateur de Bentley. Ses recherches sur Google restent vaines, mais il garde la foi grâce à la dextérité informatique de son petit homme domestique (car Salvatore est un chien…). En effet, le petit homme a trouvé sur le web la pièce tant convoitée : elle se trouve exposée dans une galerie d’art parisienne, peinte en rose. Pendant ce temps, Amandine la cochonne myope se remet, à la maternité, de son accident de voiture, entourée de ses 12 porcelets. Enfer et damnation, il en manque un, François, tombé de la gouttière où elle a accouchée (!), jusque dans les égouts de la capitale. Chemin faisant, François est devenu le petit animal chéri d’une jeune fille gothique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la lecture de ce résumé, les néophytes doivent rester perplexes devant cet OVNI narratif bondissant ! Effectivement, le dada de Nicolas de Crécy est de se surprendre lui-même, imaginez donc ce qu’il en est s’agissant des lecteurs… L’air de rien, cette histoire se suit de manière limpide, entrecroisant d’un point de vue chronologique les aventures de Salvatore, la détresse d’Amandine et l’errance de François, et d’un point de vue thématique, les réflexions sociétales ou métaphysiques et les séquences totalement loufoques. Ainsi, on suit tantôt Salvatore dans des digressions philosophiques sur les métaphores des « transports amoureux » (la julimobile), tantôt une approche de la notion d’art contemporain par une vachette arriviste et alcoolique. Le dessin de De Crécy est une nouvelle fois rigoureusement tremblotant, sur une colorisation volontairement terne (de Walter)… et demeure pourtant d’une grande lisibilité. Rythme, cadrages et perspectives sont savamment alambiqués pour absorber le lecteur tout en collant à la ligne éditoriale moderne de la collection Expresso. Peut-être y a-t-il juste un chouillas d’humour cynique en moins, par rapport au premier tome… En contrepartie, l’aventure se déroule cette fois-ci sur 56 planches.