L'histoire :
Dans son palais de la Havane, Fidel Castro fulmine en lisant le journal. En effet, Kennedy vient d’annoncer qu’il fallait libérer Cuba… Comme si Cuba n’avait justement pas été libéré de l’impérialisme par son armée ! Fidel Castro en devient parano. Il voit des conspirations lorsqu’explosent ses cigares. Un mois plus tard, Spirou et Fantasio atterrissent à New York pour couvrir un sommet de l’ONU où on annonce la présence de Castro. Ils retrouvent dès l’aéroport leur ami agent secret Longplaying (voir Le prisonnier du bouddha) qui est, quant à lui, intéressé par le générateur atomique de poche développé par Pacôme de Champignac. Or ils descendent dans le même hôtel que Fidel Castro… et le look de groom de Spirou lui vaut d’être pris par mégarde dans une nouvelle conspiration fomentée par des espions américains pour nuire à Castro… Spirou se retrouve aussitôt arrêté et rapatrié à Cuba pour y être emprisonné. Kennedy fait quant à lui son discours anti-communiste. Quelques jours plus tard, Fantasio se retrouve donc à la Havane (avec le marsupilami) pour essayer de libérer son ami. C’est aussi dans la capitale cubaine que se trouve sa consœur Seccotine qui tombe sous le charme d’un beau guérillero appelé Che Guevara…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle collection dédiée à Spirou et Fantasio promet dans son concept de renouer avec la tradition « classique » de la série du temps de Franquin. Au dessin, Elric Dufau – déjà repreneur d’Iznogoud – a bien le talent de contrefacteur pour se fondre dans un style proche de celui du maestro. La griffe artistique est effectivement ici dans la lignée de Franquin et cela fera de l’œil aux nostalgiques de cet âge d’or de la série. D’ailleurs, la couverture est ostensiblement plagiée sur celle du Gorille a bonne mine (un hommage, à un album de 1959), l’iconique tête du « Che » remplaçant ledit gorille. Car dans la suite chronologique du Prisonnier du Bouddha (1960, avec le personnage de Longplaying), notre duo de héros accompagnés de Seccotine et du marsupilami (et de spip… très absent) se confrontent bel et bien au climax de la guerre rouge du titre. En avril 1961, des exilés cubains soutenus par les américains ont fait un débarquement foireux dans La baie des cochons de Cuba. Et c’est donc la première fois que Spirou se confronte à un réel contexte géopolitique, avec d’authentiques acteurs de l’Histoire – Fidel Castro, le Che, Kennedy. En cela, il y a écornage du classicisme. Car dans les albums classiques, Spirou se retrouve généralement plus subtilement confronté aux pouvoirs contestables (Le dictateur et le champignon, Kodo le tyran, à Moscou…). Hélas, ce n’est pas le seul reproche qu’on peut faire au scénario décousu. Le Che roule les ch comme un auvergnat, ce qui, dans des dialogues peu inspirés, tantôt en espagnol, tantôt en anglais, s’appuyant sur beaucoup de palabres laborieux pour incruster des jeux de mots ou des gags poussifs, aboutit à un gros gloubilboulga narratif. On se console avec moult clins d’œil véritablement classiques – à Lucky Luke (le personnage d’Enterit), ou à Tintin (les caprices du gamin Fidelito sont semblables à ceux d’Abdallah). Bref, cette collection « Classique » débute très moyennement.
