L'histoire :
Alors que Spirou, lunettes de soleil et maillot de bain, se dore tranquillement la pilule au soleil sur une belle plage, l'arrivée brusque et maladroite de son fidèle ami Fantasio le sort de sa torpeur digestive. Il l'a fait ! Quoi donc ? Il a craqué toutes les économies des vacances qui devaient servir à payer l'hôtel, pour se payer un rafiot complètement vermoulu. Tout tombe en ruine et le moindre faux-pas révèle un nouveau dommage. On se demande d'ailleurs comment celui-ci n'a pas encore coulé. Bon, puisqu'il faut bien un toit pour dormir, les deux amis se mettent à réparer cette embarcation de fortune. Quelques jours plus tard, ils se décident pour la première sortie du vaisseau. Au bout de quelques milles, le moteur rend l'âme. Evidemment, pile au moment où un gros grain se prépare, tout près de là. Bizarrement, la météo passe d'un jour d'été à une nuit polaire, d'un froid saisissant. Les deux compères commencent à s'inquiéter lorsque des icebergs font leur apparition. Trop tard, le bateau heurte la banquise et Spirou passe par dessus bord. Fantasio se précipite. Quelle surprise pour lui de découvrir un étrange barbu en train de sauver Spirou. Le plus curieux est encore sa faculté de marcher sur l'eau. Avec sa radio portative, il demande à ses collègues d'arrêter les hostilités. Spirou et Fantasio n'ont pas l'air bien méchants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1980, Jean-Claude Fournier, pas assez productif d'après sa direction, est finalement mis sournoisement à l'écart de l'emblématique série Spirou et Fantasio. Dans une extraordinaire pagaille de prises de décision chez Dupuis, avec des arguments parfois plus politiques qu'artistiques, c'est finalement Nic Broca au dessin et Raoul Cauvin au scénario qui reprennent les rênes de la série. Le duo développe alors une suite de trois albums, pour lesquels un retour aux sources est exigé, sans l'univers de Champignac, sans Marsupilami, etc. Exercice périlleux, pour lequel Broca, issu d'un studio d'animation belge, doit s'approprier les règles du neuvième art. Ces trois aventures marquent le retour de machines extravagantes à la Zorglub, et se lisent plaisamment. Cauvin joue de ses meilleures cordes, plutôt sur des comiques de situations que sur des histoires fortes, avec des scénarios peut-être un peu plus faibles que d'habitude. Malgré un travail de qualité, le style de Broca est très critiqué dans les hautes sphères. Les attaques en règles fusent, dont la hargne doit plus à la déception de la mise à la porte d'un Fournier très apprécié, que d'un réel manque de talent du pauvre Broca, qui supporta bien mal cette période. En pleine confusion, la direction qui voulait augmenter le rythme de sortie de la série phare de la maison, décida se mettre sur el coup deux équipes de plus, en parallèle, composées de Tome et Janry d'un côté et d'Yves Chaland de l'autre. L'organisation d'une petite guerre débute donc, de laquelle les jeunes Tome et Janry devaient sortir vainqueurs... Ce nouveau tome de l'intégrale est l'occasion de découvrir lesdits albums signés Nic et Cauvin. L'édition et ses annexes ne manquent donc pas d'intérêt et reviennent sans tabou sur cette période un peu sombre de la maison d'édition. Un recueil plutôt bien documenté !