L'histoire :
1947 marque un nouveau virage pour le personnage de Spirou. Le journal éponyme entre dans sa 9ème année. Jijé transmet les clés du temple à un nouveau-venu, André Franquin. Il invite d’ailleurs le jeune auteur à s’installer chez lui, où travaille déjà Morris et Will. Cette bande des 4 est unie par le goût du dessin et l’art de raconter des histoires. Jijé se comporte en maître, dans le sens noble du terme, dans la joie et la bonne humeur, dans la gourmandise du dessin, loin de l’état d’esprit du studio d’Hergé (Bob De Moor, E.P. Jacobs, Jacques Martin) où l’on travaille tout le temps, au service du seul père de Tintin. Dans le studio Jijé, les virées nocturnes arrosées ne sont pas rares, les matchs de boxe improvisés sur le gazon de la propriété de Jijé, non plus, sans oublier les éclats de rire à la table familiale… Mais la bande de Jijé et consorts a d’autres ambitions. Ils ont envie de voir du pays et de découvrir le Nouveau monde. Avec femmes et enfants, ils choisissent d’embarquer sur un paquebot transatlantique. Pour rassurer leur éditeur Dupuis, ils font le stock de planches avant leur départ, qui sont prises en otages par une grève de dockers, ce qui les oblige à redessiner toutes leurs planches. Un périple américain qui sera adapté en BD par Olivier Schwartz…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier volume contant la genèse du personnage, ce deuxième tome dévoile l’entrée du groom dans l’époque moderne. A travers des témoignages croisés de Franquin, Jijé, Morris, Will, Eddy Paape et de contemporains comme Olivier Scwartz, Yann, Yoann, Maltaite, ce pavé est une mine d’informations et d’anecdotes croustillantes. Il faut souligner ici le travail de fourmi réalisé par les spiroulogues Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, qui se livrent à l’exercice avec une méticulosité impressionnante. Le duo passe en revue les grandes étapes de la création de Franquin avec des photos, des reproductions de planches, des croquis. Ils évoquent les influences US du père de Gaston Lagaffe allant de Disney à Gottfredson et Tex Avery. Ils reviennent sur les grands éléments de la légende de Spirou. Le château de Champignac est directement inspiré par le château de Skeuvre qui servit de lieu de repérages. Le comte de Champignac est un mix entre Jean Doisy pour l’apparence et le propre père de Franquin pour le caractère. Pour créer le Marsupilami, Franquin a pris pour modèle le Pilou-Pilou, un personnage dont il suivait les aventures quand il était plus jeune… Qu’on se le dise, les fans inconditionnels de Spirou ne manqueront pas de se jeter sur cet ouvrage aussi dense qu’intéressant.
