L'histoire :
Un beau jour, Ferdynand Ossendowski, médecin de profession, doit quitter sa région car le commissaire politique de Moscou ne le trouve pas assez révolté, pas assez rouge ! Cet homme de la ville se retrouve donc à fuir à travers les forêts enneigées de Transbaïkalie, laissant derrière lui son amour, Natacha, qui doit sans doute le prendre pour un lâche, peut-être même un traître. Dès le début de sa traversée, trois loups lui tombent dessus, prêts à n’en faire qu'une bouchée ! Il croit son heure venue, lorsque Djam Gordou, un cavalier du peuple des Soyotes, lui sauve la vie et décide de l'accompagner dans son périple. Ensemble, ils rejoignent le pays des Uriahays (le pays de Djam). Chemin faisant, une amitié sincère nait entre le docteur et le cavalier. Ils s'enseignent mutuellement des choses : Ferdynand lui apprend la chimie et en contrepartie Djam lui apprend à monter à cheval. Durant la traversée, le médecin découvre également l'horreur de la guerre et les cadavres dont regorge parfois la forêt. Ils se rendent aussi à Touba, dernière ville avant les steppes, pour y acheter des vivres et des munitions. Djam prévient Ferdynand en lui demandant de se taire, quoiqu’il arrive. Celui-ci, qui à tendance à trop parler avant de réfléchir, annonce naïvement à un aubergiste, dans une salle pleine, qu'il est un opposant aux Bolcheviks ! Il n'en fallait pas moins pour qu'un combat s'engage avec une armée de soldats...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son premier album en tant que scénariste (le hors série Dans les coulisses de Blake et Mortimer mis à part), Arnaud Malherbes frappe fort. Les pérégrinations de ce médecin russe, un peu maladroit, à travers un pays rude et un contexte politique abominable, sont captivantes de bout en bout. On s'identifie d’ailleurs assez facilement à ce héros qui découvre en même temps que nous le climat de terreur d’un monde qu'il croyait pourtant connaître. Si le médecin Ferdynand est le héros de l'histoire, cette aventure focalise avant tout sur son amitié avec le cavalier Djam Gordou, qui se renforcera tout au long de cette mise en bouche. La splendide couverture s’intéresse d’ailleurs au moment fort de leur rencontre, en début d’album. Les personnages sont très attachants, Djam et le toubib en tête bien sûr, mais également Touchegin Lama ou encore la princesse Soyotes. Les dessins de Vinvent Perriot (Entre deux) collent parfaitement à l'ambiance austère de cet environnement. Son coup de crayon moderne, un trait « gribouillé » d’une incroyable justesse, permet d'entrer rapidement dans le récit sans jamais décrocher des 80 pages. Honorant la tradition de qualité des albums Aire libre, cet album est une vraie bonne surprise, étonnamment palpitante pour un tout premier album. Un coup de maître !