L'histoire :
Comme chaque soir, Jude se produit sur la scène du Girls in Love, une boîte branchée de Broadway. Avec sa partenaire Ona, il se livre à des prestations érotiques devant un public bourgeois en quête d’excitation artificielle. Mais ce soir-là, après sa « représentation », le jeune éphèbe a de la visite dans sa loge. Celle de Megan, sulfureuse dénicheuse de talent pour l’IAP, Invisible Art Production. Elle est venue pour lui proposer un rôle dans un film, biopic du poète John Keats. Le rendez-vous est pris, mais tout ne va pas se dérouler exactement comme prévu. En effet, Sina Songh, fille du parrain de la pègre de Chinatown, a d’autres projets pour le beau Jude : en faire son amant, ou plutôt son jouet, qu’elle « cassera » quand elle en aura assez… Aussi l’homme se trouve-t-il face à un choix cornélien. Saisir l’opportunité offerte par une compagnie de production artistique pour le moins mystique… ou se sustenter d’une soumission mafieuse et préserver ses chances de rester en vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour l’entrée en matière de cette nouvelle série parue dans la collection « Grand Public » chez Dupuis, le duo Dufaux/March avait tout de séduisant. L’expérience du premier, auteur prolifique (Jessica Blandy et Dixie Road pour ne citer qu’elles) et passionné de cinéma, associée à l’énergie du second que l’on a découvert avec ses collaborations dans les Batman de DC et ses illustrations disons… coquines… Oui mais voilà, la mayonnaise ne prend pas tout à fait. Le binôme a semble-t-il voulu en faire (beaucoup ?) trop au lieu de se fier à une recette un tantinet plus simple, plus légère et donc plus digeste. Pourtant les ingrédients de base sont là : un personnage axial (Megan) au caractère trempé et aux punchlines imparables, des décors variés oscillant entre l’odeur du whisky et du tabac froid et celles de l’encens et du printemps. Et puis l’ouvrage regorge de références pop jubilatoires parsemées dans les dialogues (Mad Men, Johnny Depp et une vanne plutôt maladroite sur LE Joker Heath Ledger), mais aussi et surtout dans les dessins (Edward Hopper, Fight Club, Thelma & Louise…). Là où le bât blesse, c’est que ces références doivent trouver leurs places dans des contours bibliques, une relecture du mythe de Faust, du vampirisme très en vogue, de la mafia et une narration à la première personne changeant sans arrêt. En bref, un véritable Gloubi-Boulga qui n’est pas toujours relevé par le dessin, très inégal lorsque Guillem March sort de sa zone de confort. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de vouloir en savoir un peu plus sur les personnages forts de cette nouvelle série, en espérant un raffinement exponentiel du scénario pour éviter de briser le rêve !