L'histoire :
Mars 1934. Le navire The Bond accoste dans l'une des îles de l'Archipel de Riau Islands. Le chef de l'équipage, le colporteur Pelham Steadman, apporte le ravitaillement destiné aux habitants de l'île de la Tortue. Steadman demande audience auprès du Capitaine Crabb : il a un mystérieux colis à lui remettre. Crabb ouvre la boîte et découvre une colombe morte à l'intérieur. Totalement perturbé par ce funeste présent, il demande à Steadman qui lui a transmis ce paquet. Une colombe morte, ce n'est pas une menace de mort, c'est un message annonçant le retour d'un individu. Alors que Steadman ne lâche pas le morceau et se mure dans le silence, Crabb abat froidement Steadman... Singapour, deux semaines plus tôt. Sous une pluie battante, Howard Buck a rendez-vous dans un mastroquet de seconde zone : chez Barn's. Sur le chemin, il croise un certain Monsieur Colombe qui souhaite savoir ce que veut Théodore Poussin. Howard n'en sait rien, il en saura plus bientôt. Howard continue son chemin et parvient à retrouver Poussin. D'emblée, il lui parle de sa rencontre avec Colombe, ce qui n'a pas l'air de perturber Poussin. Rapidement, Poussin en vient à l'essentiel de l'entrevue : il veut demander de l'argent à Buck !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 13 longues années d'absence, sûrement utilisées à écumer les mers du globe, le grand Théodore Poussin revient par la grande porte. Ce retour permet d'ailleurs à la série de subir un magnifique et nécessaire lifting de couverture, mêlant personnage en couleur au premier plan, sur fond de décor-gravure esquissé en noir et blanc. Mais revenons à ce treizième album intitulé Le dernier voyage de l'Amok. Le titre, inspiré de la nouvelle de Stefan Zweig Amok ou le Fou de Malaisie, joue la carte de l'étrange. Serait-ce la fin de l'aventure pour le navigateur, mix de Tintin et Corto Maltese ? Le mystère reste entier. Dès les premières pages et ce, jusqu'à la fin, la lecture happe et aspire la curiosité. Les ingrédients sont réunis, qui ont fait le succès de la série : exotisme, nostalgie et absurde (Monsieur Novembre est là, fidèle au poste) avec une pointe de sensualité (Aro Satoe est juste à tomber !). Franck Le Gall a pris le temps, mais quel pied ! Et graphiquement, il a bonifié son trait avec un sens du détail et un coup de crayon rendant plus dynamiques les séquences qui transportent littéralement à l'autre bout du monde. On espère seulement que ce n'est pas le dernier voyage pour ce héros singulier et qu'il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour connaître la suite de cette destinée.