L'histoire :
Stanislas Réveillère est DRH dans une grosse entreprise d’agroalimentaire : SweetFat, le leader européen du gras. Or, dans le monde des multinationales, les lois du marché sont impitoyables. Le PDG est en colère : les actionnaires ont trouvé que le bilan était « huileux », ce qui signifie pour Réveillère qu’il va devoir dégraisser en masse, c'est-à-dire licencier. Mais ce n’est pas un problème pour lui : c’est son métier et il le fait sans la moindre dose de scrupule. Les techniques pour parvenir à un plan social sont nombreuses et appartiennent pour lui à une science exacte : les premiers visés sont les femmes de ménage, les étrangers (le « menu fretin ») ou les retardataires à leur poste… Déstabiliser ces gens lors d’un entretien de licenciement, pour pouvoir proposer le moins d’indemnités possibles, est un tel jeu d’enfant, qu’il délègue la chose à son second, Romain Piquionne. En élève appliqué, ce dernier exécute ces méthodes à la lettre. C’est alors que Réveillère se décide à rendre une dernière visite à sa mère qu’il n’a pas vue depuis 5 ans et qui se meurt dans une maison de retraite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenu dans le monde fabuleux des handicapés des sentiments ! Si l’humour cynique de ce one-shot est véritablement jubilatoire, il fait également froid dans le dos. Rarement un tel niveau de méchanceté et d’immoralité aura été atteint en BD. Directement inspirée du titre, la masse salariale d’une entreprise est ici comparée à une couche de gras : il en faut un peu, mais pas trop. Dans ces conditions de « dégraissage » massif, la fonction de DRH peut sembler le pire métier de la terre à certains. Mais ce n’est absolument pas le cas des deux principaux protagonistes de cette histoire, qui pratiquent ce « sport » avec des sentiments strictement égaux à zéro. Ce mépris pour l’être humain dépasse de loin le cadre de l’effectif salarié d’une entreprise. Réveillère n’a que faire du trépas de sa mère adoptive et décide, après tout de même une petite journée confuse, de se débarrasser définitivement de sa mère naturelle, avant qu’elle ne remette trop de ses certitudes en question et qu’elle ne nuise à son image publique. Ce léger trouble est peut-être la seule vraie note d’espoir de l’album, hélas rapidement évacuée. Bref, Philippe Thirault use ici d’un humour noir de chez noir, sans concession de la première à la dernière planche. Les fans de foot s’amuseront également des noms de famille des personnages, tous piochés parmi des joueurs de ligue 1 ! Enfin, le tout est mis en relief par Sébastien Gnaedig, ancien directeur éditorial chez Dupuis (la collection Expresso, c’est lui !) et occupant actuellement la même fonction chez Futuropolis, à l’aide d’un dessin tout simple mais d’une grande lisibilité.