L'histoire :
Deux adolescents sortent d’une salle de cinéma. Ils ont vu Starbattle XI, le fils du mal. La jeune fille disserte sur les séries à rallonge, les spin-off, qui envahissent le marché. Mais elle a adoré le film, et elle embrasse fougueusement son chevalier servant. Zandra, une adolescente comme une autre ? Raté. Car un immense vaisseau qui ressemble à une boule somme André, le pauvre amoureux, de laisser SA fille. Et voilà que Zorglub, car il s’agit bien de lui, lâche des dizaines de Zorgbots aux trousses des adolescents. Ils mettent la ville à feu et à sang avant de réussir à rattraper Zandra, qui fait une scène à son père, sans savoir qu’André a lui aussi été ramené accidentellement au vaisseau, où il est considéré comme une « contamination organique » à supprimer ! Au moment où Zandra part se réfugier dans sa chambre, Zorglub, agacé, shoote dans un petit zorgbot qui passait par là, et active malencontreusement un protocole de rayon Z qui découpe littéralement la terre. La famille Zorglub arrive à arrêter le rayon en… coupant le courant du vaisseau, mais ils ne sont pas au bout de leurs peines.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zorglub, l’un des deux grands méchants des aventures de Spirou et Fantasio (avec le détestable Zantafio) a considérablement évolué depuis son apparition dans Z comme Zorglub. Son personnage a pris de l’épaisseur, on en sait plus sur sa jeunesse, sur son amour pour miss Flanner (serait-elle la mère de Zandra ? suspense…) et les aventures qu’il a vécues avec le comte Champignac. Il est devenu gaffeur, sentimental, loyal… il est resté prétentieux, mégalomane, génial et paranoïaque. Chacun le sait depuis Walt Disney, c’est le méchant qui fait la réussite de l’œuvre. Alors un spin-off rien que pour le méchant, on en rêvait ! Et l’album commence bien, puisque dès la première page, les personnages critiquent les spin-off, les resucées de héros, les séries qui n’en finissent pas avec un clin d’œil à Star Wars (l’affiche de Starbattle XI ressemble à celle de Star Wars – épisode IV), mais c’est bien ici l’autodérision que manie Munuera. Le ton est donné, décalé, dans la grande tradition spirouesque. Et le rythme est donné aussi très vite : courses-poursuites, robots, ondes destructrices ou bienfaitrices… Zorglub, lui, est montré sous un autre jour. Papa-poule, un brin ridicule quand il pince les joues de sa fille, mais aussi tourmenté par les questions de l’adolescence, et par la sécurité de sa fille. D’autant qu’un militaire retors et corrompu va menacer la famille… On retrouve avec grand plaisir Zorglub dans cette aventure efficace. Le pari de Munuera était un peu casse-gueule, mais il est réussi, grâce notamment à ce personnage qui est effectivement l’un des plus intéressants de la série, et grâce aussi à son sens de l’action et à son magnifique coup de crayon. Les dessins sont bien entendus proches de la série originelle à laquelle l’auteur espagnol a jadis collaboré, et les couleurs vives donnent à l’ensemble un côté joyeux et cartoonesque qui accroît la jubilation du lecteur. On n’a que deux mots à dire : Eviv Bulgroz.