L'histoire :
Incarnation est le prénom d’un top-modèle avec un corps de rêve et une poitrine insolente. Malgré tout, son patron la rabaisse sans cesse en lui disant qu’elle est un peu grasse. Il profite aussi de son ascendance hiérarchique pour lui rabaisser régulièrement la tête sur son bas-ventre, afin qu’elle lui pompe le dard. Dans ces moments-là, Incarnation attend que ça passe et ne parvient à exprimer aucune jouissance… ce qui agace son boss. La jeune femme renfrognée consulte donc un médecin spécialiste en amaigrissement. Alors qu’il relève ses mensurations, ce dernier attrape une érection d’enfer, tellement Incarnation est une pure bombe. D’ailleurs, il lui explique que le traitement à base de pilules, qu’il peut lui fournir, mérite qu’elle donne de sa personne… et il la tringle comme un sauvage sur son bureau. La nuit suivante, Incarnation fait un rêve érotique compliqué : un double d’elle-même, obèse et masqué de cuir, lui lape le sexe après l’avoir fouettée. Elle se réveille en découvrant que la masturbation lui procure de vrais orgasmes. Ça c’est bien cool. Le lendemain matin, son patron lui téléphone et l’envoie faire un spot photo pour de la lingerie fine, dans le studio de Blanche et Azur. Incarnation est une pro et assure le contrat. Mais une fois les photos terminées, elle découvre une arrière-boutique explicite… et se fait piéger dans une séance d’un tout autre genre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La plupart du temps, les scénarios érotiques se contentent de clichés archi-conventionnels (« Hello baby, tu as demandé l’intervention d’un plombier ? »). C’est pourquoi, lorsqu’un petit effort est porté sur l’histoire, on aurait tort de se contenter de critiques faciles. Cette Diète habilement orchestrée par Ignacio Noé (oui, celui-là même qui fit Helldorado) n’est certes pas révolutionnaire en soi. Mais elle a le triple mérite : de proposer une trame narrative construite, de ne jamais s’appesantir sur les scènes pornos (courtes, explicites, nombreuses et variées) et d’accompagner le tout d’un humour bienvenu. Ici, il est donc question d’une diète, pas franchement nécessaire, mais qui fait croire à l’héroïne qu’un piège médical est à l’origine de sa libido exacerbée (un peu comme dans le Déclic de Manara !). En creux se détache aussi une critique d’une profession qui cultive la maigreur des jeunes femmes… mais ça n’est vraiment pas ce qu’on retient de l’album. Car avant tout, Noé dispose d’un talent artistique immense, sans exagérer. Son dessin semi-réaliste en couleurs directes parvient à mettre en cohérence les galbes les plus authentiques avec parfois un style caricatural bidonnant (notamment pour certaines scènes d’anthologie, p.27, p.31…). Il y a du mouvement, des bruits rigolos (glup-glub, glich), de la luxure à gogo et une héroïne super bien roulée… que demande le peuple ? (de la vaseline !) L’excitation qui peut être suscitée sur la gente masculine n’est donc pas en reste, ce qui est surtout la qualité première du registre.