L'histoire :
La cellule « Enquête » de Radio Canada révèle que le Premier Ministre possède un compte bancaire dans l'île de Jersey, un paradis fiscal. Alain Deneault, un spécialiste sur cette question, ne manque pas de s'interroger sur cette situation, sachant que le Premier Ministre lutte justement contre les paradis fiscaux... N'y aurait-il pas un conflit d'intérêt ? Le lendemain, Mediapart.fr évoque la dissimulation de plus de 150 millions d'Euros de la part de Cristiano Ronaldo, dans des paradis fiscaux en Suisse et aux Iles Vierges Britanniques. Des documents montrent en effet comment la star du Real Madrid n'a payé que 5,6 millions d'Euros sur ses revenus. Dans son livre, Alain Deneault raconte que ces paradis fiscaux n'existent que par les décisions de gouvernement « officiellement » en manque de moyens. Un an plus tard, Radio Canada rapporte que plus de 200 millions de dollars ont circulé par l'entremise de sociétés ayant une adresse postale à Québec. Après les Panama Papers, voici les Canada Papers ! La coupe est pleine pour le jeune trentenaire qui prend les devants et souhaite faire cessation avec les entreprises responsables de ces pratiques. Le chemin ne s'annonce pas aussi simple qu'il y paraît...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les paradis fiscaux ont une réputation sulfureuse dans l'opinion publique. Ils servent aux grands groupes et aux riches de ce monde à dissimuler des actifs, pour échapper à l'impôt. Résultat : ce sont les contribuables honnêtes qui mettent la main au pot. A part les intéressés, tout le monde semble d'accord avec l'idée d'honnir ces « lieux » très controversés. Dans Cash Investigation, sur France 2, Elise Lucet n'a pas manqué d'ailleurs de faire des reportages édifiants sur le sujet (Panama Papers en première ligne). Bédéiste québécois, François Samson-Dunlop a été marqué par les écrits d'Alain Deneault, qui signe d'ailleurs la postface. Il se met en scène dans la peau d'un militant en herbe qui souhaite s'affranchir de tous ces objets développés par des marques. Exit Uber, Ikea, Amazon, Netflix, Google... Mais c'est un parcours du combattant. En jouant sur l'absurde et sur l'humour, il réussit à faire passer la pilule sans qu'on oublie de s'interroger sur la controverse. Son discours pédagogique, digne d'Économix de Michael Goodwin, mais non sans fond, nous pousse à agir, « consommacteurs » que nous sommes. Côté dessin, pas d'effets, du quick drawing en bonne et due forme, dans un esprit très Marion Montaigne, ou Guy Delisle. Un album à mettre entre toutes les mains, pour réveiller notre âme de révoltés !