L'histoire :
Un matin, alors que deux enfants se sont levés pour regarder un dessin animé à la télé, leur papa se fait un petit café et regarde son jardin par la fenêtre. Horreur ! La pelouse est toute dévastée par des trous de taupe ! Il cherche aussitôt une solution à cette calamité dans des bouquins et sur Internet. Le site « Taupe Gun » recommande l’usage de coups de pelle sur les terriers, pour les reboucher. Dont acte, voilà le papa qui joue de la pelle, sous les yeux inquiets des enfants. Le frère et la sœur redoutent en effet le pire pour ce petit animal qu’ils trouvent très mignon, en soi. Pour éviter que cela se reproduisent, les gamins sabotent et scient le manche de pelle de leur père, pendant que ce dernier fait une sieste. Quand celui-ci se réveille et se remet à l’œuvre, la pelle se broie au premier coup sur la terre. Le père passe donc à une seconde mesure de rétorsion : au fond des terriers, il place des pièges, une variante de la cruelle tapette à souris, mais adaptée aux taupes. De nouveaux, les enfants agissent dans le dos de leur paternel pour éviter que la petite taupe ne tombe dedans : avec une canne à pêche et un crochet, ils vont récupérer un à un les pièges par les trous des terriers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un registre narratif et une veine graphique colorée, soit une recette proche de leur précédent Passe-Passe, Delphine Cuveele et Dawid récidivent une œuvre muette en duo, adaptée au jeune public. Le propos est toutefois ici plus guilleret : il ne s’agit pas de raconter de manière poétique la mort d’une grand-mère, mais d’empêcher un papa de chasser les taupes. Quatre protagonistes sont donc au générique : le papa et les bambins au-dessus ; la taupe en dessous. Avec son trait expressif stylisé et ses couleurs chaudes, Dawid dessine donc la majorité de ses cases représentant deux niveaux : le jardin en surface et le dédale de souterrains dans la terre en dessous. C’est l’occasion pour l’auteur de jouer avec les éléments constituants de l’art séquentiel, en décalant par exemple les bordures de cases selon qu’on se trouve au-dessus ou en dessous, en enchainant la narration d’un même terrier courant d’une case à l’autre… La malice des deux bambins fait le reste : le récit se montre fun, inventif, joyeux, rythmé et très agréable à lire. Une BD vraiment taupe.
