L'histoire :
A quatre pattes au bord de l’étang du Rêve, au pied d’un saule, tandis que le soleil se couche, l’émouvantail contemple son reflet et s’interroge sur ce qu’il est. Il lui semble alors apercevoir un gros poisson sous la surface, mais il s’aperçoit que cet énorme bestiaux amical se trouve en réalité dans les airs, juste au-dessus de lui. Et il l’invite à grimper sur son dos pour une balade dans les airs. L’émouvantail s’installe ainsi et part à bord du poisson céleste pour une balade nocturne. Il suit des yeux une étoile filante qui vient s’écraser de l’autre côté de la Terre, du côté de l’aurore. A son point d’impact, dans une fumerole, surgit un arc-en-ciel. C’est donc ainsi que naissent les arcs-en-ciel ! Plus loin, l’émouvantail et sa monture traversent une nuée de papillons, surgissant d’une fontaine. Le poisson dépose ici son passager qui s’émeut de l’extraordinaire liberté que doivent procurer les ailes. L’émouvantail a l’étrange et pesant sentiment d’être une éternelle chenille. Quand se réalisera-t-il enfin ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a rarement croisé d’épouvantail aussi sensible, lyrique et rêveur. On a rarement croisé d’épouvantail vivant tout court, d’ailleurs. Ce cinquième opus est toujours édité au format paysage et donne donc leur pleine mesure aux larges panoramas. Il commence de manière très onirique, façon Arizona Dream, avec un gros poisson flottant dans les airs. Et il se poursuit par une quête philosophique du sens de la vie. Au bord d’une marre pleine de nénuphars romantiques, sous un saule évidemment pleureur, sur fond de coucher de soleil plein de couleurs chatoyantes, notre ami mannequin s’interroge une nouvelle fois sur sa condition et son destin. Et il questionne ses potes oisillon, canard et grenouille alentours. Le spleen habite au-delà du raisonnable ce cinquième opus à la frontière de la mièvrerie. Renaud Dillies en fait vraiment des caisses dans la convocation d’émotions. En même temps, le titre « L’émouvantail » annonce clairement la couleur guimauve. Pas certains que les jeunes lecteurs modernes, habitués aux grosses bastons de jeux vidéo, soient totalement convaincus par ces soliloques philosophicos-lyriques qui incitent à la contemplation et à la circonspection. Mais en tout cas, dans le genre, on peut difficilement faire plus.