L'histoire :
Interne au sein de la terrible pension Moreau, le petit Paul sort tout juste de deux mois de cachot, en raison de son indiscipline. Ses copains ne le reconnaissent plus : il a le regard noir, il est mutique, docile… ça fait froid dans le dos. Le directeur et les éducateurs sont contents d’avoir mâté cette racaille. Mais étant donné qu’il va falloir faire de la place au sein de leur institution, afin de pouvoir y accueillir de nouveaux venus, Paul est le prochain sur leur liste de « victimes »… Ils ignorent qu’en réalité, Paul a plus encore nourri sa haine envers ses bourreaux. La nuit venue, dans sa piaule, il propose à ses camarades de passer à une phase plus musclée de résistance. Dès lors, chacun y va de son petit piège : une cordelette tendue devant l’escalier, ou le rayage méthodique de l’insupportable 33 tours sur la Chasse à l’enfant, que le directeur diffuse à fond chaque jour dans l’établissement. Paul réussit même à pisser dans le rôti destiné au corps enseignant ! Emile, lui, parvient à se frayer une voie entre des barreaux écartés de sa piaule, afin d’aller dormir de temps en temps à la belle étoile, pour un moment intense de liberté et de nature…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce tome 2 (sur 3 prévus), La pension Moreau confirme sa tonalité de conte cruel pour enfants pas sages. Il n’y a rien de choquant, la cruauté est une tradition dans le registre du conte enfantin : après tout, le Petit Poucet est volontairement abandonné par ses propres parents dans la forêt, et Hansel et Gretel sont destinés à l’anthropophagie. Ici, ce sont les professeurs et les éducateurs zoomorphiques d’une pension pour enfants humains qui s’acharnent à mâter et à brimer des enfants que des parents leur ont abandonnés. Un objectif sans scrupule qui va jusqu’à leur extermination répartie et progressive. Certains lecteurs peuvent se demander « pourquoi sont-ils si méchants ? », ça ne change rien aux mœurs en cours, une ambiance osée finalement très proche des camps de la mort nazis. Heureusement, l’espoir de la rébellion / de la vengeance / de l’évasion est un moteur psychologique efficace chez les enfants qui, dans cette suite, redoublent d’imagination et de solidarité pour affronter l'adversité. Le dessin stylisé à grosses têtes de Marc Lizano convient à merveille à l’ambiance oppressive de ce qu’il convient de définir par un « thriller carcéral » tendu. La conclusion qui interviendra au prochain tome sera sans doute morale et tragique à la fois… on est curieux de découvrir ça !