L'histoire :
Un soir, sous la faible lumière de sa petite lampe de bureau, un jeune garçon écrit une lettre à son pépé, vraisemblablement à l’article de la mort. Son pépé n’est plus à la maison et il lui manque. Le garçon a besoin de lui écrire combien son absence lui est difficile. Cela fait, il part se coucher et… il rêve. Il rêve qu’il se réveille certes dans son lit, mais ce dernier se trouve sur un littoral maritime, au pied d’une longue falaise. Une forme noire fantomatique l’observe en train de se débattre avec une attaque invasive de centaines d’algues. Le garçon parvient à sauter loin sur le sable et à s’enfuir par un escalier creusé en travers de la falaise, avant que les algues ne le rattrapent. Il se retrouve devant un abribus qui indique une unique destination : Hôpital. Il attend une seconde, et déjà un curieux engin approche et passe devant lui sans s’arrêter. Cette sorte de moissonneuse trace des lignes parallèles et discontinues sur la chaussée. Derrière elle, des ouvriers rouges et fantomatiques estampillent des gros ronds par endroits, sur ou entre les lignes. Légèrement inquiet, le garçon se cache derrière l’abribus pour observer ce curieux chantier itinérant… et une fois celui-ci passé, il comprend : c’est une portée de musique avec des notes qui se dessine sur la chaussée ! Il s’amuse alors à bondir de note en note, jusqu’à passer au travers de l’une d’elles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions de la Gouttière réitèrent leur approche pluridisciplinaire du 9ème art, avec une nouvelle BD muette de texte… mais pas de musique ! À l’unisson (en 2021) sur la 40ème symphonie de Mozart et Les vies dansent (2022) sur la 7ème symphonie de Beethoven, appartenaient déjà à la collection Do Ré Mi Chat. Cette histoire de deuil que doit faire un jeune garçon face à la mort de son pépé, doit ainsi se lire en écoutant la 35ème Symphonie de Mozart. En ré majeur, numérotée KV 385, cette symphonie est dite « Haffner », du patronyme du bourgmestre de Salzbourg en l’honneur duquel Mozart l’a composée. Cette œuvre majeure du XVIIIème oscille effectivement entre joie et inquiétude. Elle fait donc un écho approprié à la thématique de l’acceptation de la mort. A travers sa narration, le scénariste Guillaume Carayol embarquera d’emblée les lecteurs dans une approche onirique de ce moment de transition douloureuse pour le jeune héros sans prénom. La première moitié de l’album est un rêve qui commence sur un littoral (soit une frontière, un passage) et le dessinateur Stéphane Sénégas met en scène le jeune héros qui bondit sur les notes, sur des éléments d’écriture de la musique – comme le faisait régulièrement l’auteur Fred dans ses Philémon. La seconde partie est plus terre-à-terre et confronte le héros à la mort réelle… mais pas si triste, une fois que le « chemin » du souvenir a été accepté. Grace au partenariat entre l’éditeur, l’Orchestre de Picardie et la Maison de la Culture d’Amiens, une vidéo du montage de la BD sur la 35ème de Mozart est disponible à l’adresse cvp2023hdf.fr.