L'histoire :
Les parents de Céline et Colin tiennent une entreprise de pompes funèbre et ils sont pragmatiques : toute la famille habite dans une maison attenante au cimetière. Or ce métier original vaut aux deux enfants les quolibets incessant de leurs camarades de classes ; donc des bagarres ; donc des punitions ; donc le courroux de leurs parents. Durant une période de renvoi scolaire, ils en profitent pour s’intéresser à un mystère, sur lequel les a mis leur ami graveur de tombes, Poussin. Une fois décryptée l’énigme des chiffres romains gravés sur certaines tombes, ils s’intéressent au caveau que ce jeu de piste leur indique : celui de la famille Harot. Ils y font une opération commando discrète, en pleine nuit, en sciant le cadenas. Ils découvrent alors une scène glaçante : des sacs de bijoux, une montre, une statue de vierge cassée et du sang sur le sol, avec une trace de main sur la paroi. Epouvantés, ils courent réveiller leurs parents. Dubitatifs, ces derniers accompagnent leurs rejetons sur place. De la peinture rouge a remplacé le sang sur le mur, où il est inscrit « Les zombis arrives ». Or évidemment, il n’y a plus trace de bijoux… mais les outils dont se sont servis les enfants pour forcer le caveau. Les parents sont désormais persuadés que Céline et Colin sont des vandales et des profanateurs de tombes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après nous avoir présenté ses attachants petits héros – un frère et une sœur incompris au sein d’une famille de croque-morts – Léa Mazé nous avait plantés devant un sacré cliffhanger, à la fin du tome 1. Tout du long, l’auteure made in Gouttière faisait monter la tension de son intrigue accrocheuse et parfaitement calibrée pour le jeune public, avec le juste zest de frissons morbides lié à un quotidien jouxtant un cimetière. Le mystère s’épaissit encore dans ce tome 2, qui nous refait le coup du cliffhanger aussi jouissif que cruel. Avant cela, Céline et Colin se retrouvent encore plus « injustement » incompris, car responsables, aux yeux de leurs parents de profanation de sépulture – un vandalisme d’une gravité absolue. Ils poursuivent néanmoins leur enquête avec opiniâtreté et imaginent une théorie plausible aux traces de sang et aux sacs de bijoux aperçus dans un caveau. Le dessin se met au diapason du public : semi-réaliste, stylisé, dynamique et cinématographique, complété de couleurs douces, qui font parfois mine d’avoir été réalisées aux crayons de couleurs… Et le rythme narratif est impeccable ! Léa Mazé montre une nouvelle fois son étonnante maturité pour le 9ème art, compte-tenu de son jeune âge. Après un tome 1 récompensé par le Prix ACBD Jeunesse 2018, Les croques persiste et signe dans une veine de même qualité. Vivement le dénouement dans le tome 3, qui nous permettra de comprendre ce sinistre imbroglio…
