L'histoire :
Ce jour-là, le directeur de l’école présente un nouvel élève à la classe de Luce : un petit noir prénommé Taali. Les élèves le regardent comme une bête curieuse, tandis qu’il prend place sur un pupitre à leurs côtés. A la sortie des classes, Taali prend à peu près le même chemin à pied que Luce, mais sur le trottoir d’en face, car tous les deux sont timides. Soudain, vient à passer une souris verte en travers de la rue, et les deux enfants s’amusent à courir derrière. La souris verte les emmène en campagne, à travers fossés et prairies. Taali parvient enfin à la rattraper et il coince sa queue avec son pied. Le voilà qui fait le fiérot d’avoir capturé une proie devant Luce. Mais l’empathie naturelle de Luce pour les animaux l’amène à sa fâcher tout rouge et à donner un coup de pied dans le tibia de Taali pour qu’il libère la souris… qui s’enfuit de nouveau, à travers la rivière. Luce et Taali poursuivent leur jeu et la suivent, jusqu’à tomber tous les deux dans l’eau lorsq’ils tentent de franchir le cours d’eau par un gué. C’est malin, ils sont désormais frigorifiés. Luce invite Taali à venir se sécher chez elle. Et elle lui prête une de ses salopettes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la troisième fois, Delphine Cuveele et Dawid mettent en scène leur petite héroïne rousse Luce (déjà croisée dans Passe-Passe et Dessus Dessous). Et de nouveau, l’aventure d’amitié qu’elle partage cette fois avec un petit copain noir se dévoile sans le moindre phylactère, au travers d’une narration 100% visuelle qui peut donc s’adresser aux primo-lecteurs. Le dessin truculent et stylisé, très attachant, ainsi que les couleurs chatoyantes de Dawid sont les meilleurs vecteurs possible pour ce registre d’aventure. Le scénario de Delphine Cuveele trouve quant à lui la juste combinaison, quasi scientifiquement dosée, de bienveillance et d’espièglerie : les deux nouveaux copains font des bêtises, mais ça n’est jamais grave ; ils se fâchent parfois, mais ça ne dure que le temps d’une case. Au centre de leur « intrigue », se trouve une traque à la fameuse souris verte de la comptine… qu’ils vont effectivement tremper dans l’eau, tremper dans l’huile… mais ils ne la montrent pas à ces messieurs, et ainsi, elle ne devient pas un escargot tout chaud (non mais franchement, quel texte !). C’est aussi l’occasion de convertir leurs émotions par des aplats de couleurs primaires : rouge pour la colère, bleu pour le froid, vert quand ils ont la nausée… et pourquoi pas blanc aussi lorsqu’ils se prennent un sac de farine sur la tête. Bref, une nouvelle aventure jeunesse emprunte de bonnes valeurs et de poésie, comme sait les éditer la Gouttière.
