L'histoire :
Une étudiante a emménagé dans un appartement pour suivre ses études loin de tous ceux qu’elle connait. Or la solitude l’hiver, alors qu’on part quand il fait encore nuit et qu’on rentre et qu’il fait déjà nuit, c’est pas rigolo. Surtout quand il neige et qu’il fait froid. Un soir, après une journée de travail, après avoir consulté la boîte aux lettres (vide !) dans le hall de l’immeuble, la jeune femme fait la connaissance d’une vieille dame, toute petite ! Avec un large sourire, celle-ci l’aborde avec une phrase malicieuse : « Moi quand j’ai froid, je rétrécis ! » L’étudiante reste interloquée… Mais la petite mamie se lance dans une explication en racontant son enfance et sa découverte de la neige et de la froidure hivernale, avec son papa qui lui avait prêté son immense manteau pour ne pas qu’elle ait froid. Un lien social nait à partir de cette anecdote. L’étudiante est attendrie et amusée par cette rencontre inattendue. Dans les jours qui suivent, la petite mamie propose à l’étudiante de l’accompagner sur le marché de Noël pour s’immerger dans cette période festive avec elle. A partir de ce jour, elles deviennent de bonnes amies. Le printemps arrive et la mamie explique alors la symbolique des fleurs sur le marché. Encore une fois, elle illustre la chose avec ses souvenirs de jeune femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand j’ai froid est une étonnante bande dessinée muette… pour adultes ! Ou plus précisément tout public, car le propos débordant de tendresse peut aussi être lu par les plus jeunes. Et encore plus précisément « quasi muette », car deux uniques pages avec des phylactères de textes sont tout de même proposées : la première intervention de la petite mamie pour créer du lien social avec cette étudiante esseulée ; puis la dernière, lorsque l’étudiante lance réellement sa vie de couple et construit un souvenir fort. Car c’est là que se situe le propos – simple – de cette BD feel good : dans la construction et la destruction des souvenirs d’une vie. Tandis que l’une à tout à bâtir, l’autre perd progressivement ses souvenirs avec Alzheimer. Visuellement, l'autrice Valentine Choquet utilise le système des photos, qui représentent un élément fondateur pour pouvoir considérer / englober une existence. Ainsi les photos s’additionnent progressivement sur le mur de la jeune femme au gré que sa vie s’incarne, se bâtit ; inversement, elles s’effacent tout aussi progressivement chez la petite mamie à mesure que sa maladie d’Alzheimer la gangrène. C’est à la fois triste et joyeux, comme la vie donc. Certes, tout cela est un peu guimauve, mais la pureté du dessin, le découpage séquentiel (qui alterne les flashbacks sépia) remplissent pleinement l’intention du propos.