L'histoire :
Sixtine est encore très jeune lorsque son papa meurt. Avec sa maman, elle déverse en catimini ses cendres sur un littoral, parce que la belle-famille l’avait totalement rejeté depuis leur union. Pendant que sa maman confie sa peine à une amie, Sixtine en profite pour jouer un peu sur la plage. C’est alors qu’elle aperçoit les fantômes de trois pirates. Mais Sixtine n’a pas du tout peur d’eux, elle leur propose même de jouer avec elle… et elle les invite à la suivre jusque chez elle. Neuf ans plus tard, Sixtine a bien grandi. Elle est désormais collégienne, avec une propension à être parmi les cancres, mais à la maison, elle continue à jouer avec ses amis pirates. Toujours seule, sa maman a un mal de chien à joindre les deux bouts. Elle rentre tard le soir, après avoir cumulé plusieurs petits boulots. Souvent, Sixtine la retrouve en train de pleurer sur la photo de son défunt mari. L’adolescente réclame souvent l’histoire de leur rencontre à sa mère. Celle-ci raconte comment elle, magicienne de rue, avait rencontré son papa, un quidam volontaire pour participer à un tour. Mais dès que Sixtine pose trop de question sur les origines de son père, sa mère élude, en disant que cette partie de la famille les a rejettés. Dans le fond, Sixtine aimerait pourtant beaucoup explorer les origines familiales du côté de son père, dont elle ne connait même pas le patronyme !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous les stylos scénaristiques de Frédéric Maupomé, également auteur de Supers et d’Anuki, et les crayons stylisés d’Aude Soleilhac, voici que débarque la jeune Sixtine aux éditions de la Gouttière. A notre époque, notre gamine d’environ 16 ans (sixteen ?) est orpheline de père ; or sa mère s’est toujours refusée à lui parler de sa belle-famille. A l’âge de l’adolescence, l’exploration de cette branche généalogique est logiquement devenue sa quête personnelle, qu’elle va mettre en œuvre dans ce tome d’exposition. Au rythme de la vie quotidienne, minée par des soucis financiers, Sixtine est secrètement motivée par ce secret de famille, et elle compte bien l’exhumer, comme s’il s’agissait d’un trésor à déterrer. Le cocktail narratif est équilibré : action, émotion, humour, avec un zest de fantastique par le truchement de trois fantômes de pirates rigolos… A moins qu’il ne s’agisse d’amis imaginaires ? Pour ses lacunes familiales, mais aussi parce qu’elle fait de grosses bêtises (faire faire sa rédaction par un copain, ou dévaliser un musée…), la jeune héroïne est attachante et ses péripéties sont adaptées à un large public (le fameux « de 7 à 77 ans »). Les dernières planches rebattent cependant les cartes et nous laissent penser que le second tome aura un tout autre axe de développement…