L'histoire :
L'imaginaire est le propre de l'Homme. Sans pensée, point de projection. Sans raisonnement, point de cohérence. Sans logique, point de construction. Mais qu'est-ce qui peut donc relier l'imaginaire, la BD et la Franc-Maçonnerie ? S'il paraît évident que la BD est devenu un support classique pour le produit de l'imagination, il paraît aussi particulièrement peu contestable que la franc-maçonnerie fait l'objet d'une certaine curiosité. Celle-ci n'est pas toujours saine, car elle se manifeste souvent par des interprétations fausses et... imaginaires. Mais ce n'est pas le sujet de ce livre, qui se propose de plutôt réfléchir à l'utilisation des symboles. En effet, la BD a par définition recours à la symbolique. Les signes, les ellipses, les signifiants font partie intégrante de sa narration. Or la franc-maçonnerie adopte également des signes et des symboles, comme autant de schémas qui représentent un discours, un code et ses valeurs, ainsi que ses histoires. Dans cet ouvrage, nombre exemples vous en seront donnés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le titre de cet ouvrage vous intrigue, vous trouverez à sa lecture bien des satisfactions. Qu'on soit clair : il ne s'adresse ni aux « initiés », qu'ils soient des encyclopédistes de la BD ou encore des « frères » maçonniques. Bien sûr, si c'est le cas, vous vous délecterez de son contenu selon l'entrée que vous choisirez. On ne s'étendra pas non plus au sujet du plaisir qu'y trouveront les doublement qualifiés ! Mais alors, de quoi il parle donc, au juste, ce bouquin ? Disons qu'il aborde les deux thèmes avec une pensée conductrice diablement intéressante, si l'on ose dire. En partant du principe incontestable que BD et franc-maçonnerie ont pour point commun l'utilisation des symboles, comme des signes utiles à la construction d'un discours (une histoire pour la BD, une sorte d'enseignement scientifique et philosophique pour la franc-maçonnerie), Manuel Picaud et Joël Gregona proposent une grille de lecture particulièrement intéressante. Il ne s'agit pas forcément de lister les BD qui traitent (en bien ou en mal, de façon réaliste ou fantasmatique) de la franc-maçonnerie, bien que le sujet soit évidemment abordé, mais plutôt de faire des liens. Sans vouloir trahir la pensée des auteurs, on se permettra de vous donner un exemple avec le symbole du Triangle. Il désigne le tiers, celui qui permet d'échapper à la dualité réductrice, ce qu'on peut aussi assimiler symboliquement à la synthèse, en cela qu'elle dépasse la thèse et l'antithèse. En BD, nombre de séries se sont construites dans le manichéisme. Il y a le Bon d'un côté et ses ennemis qui incarnent le Mal. C'est même cette dualité qui en est la fondation. Citons Buck Danny, par exemple, qui incarne encore aujourd'hui la moralité du monde occidental et en particulier la grandeur des USA. Dans d'autres séries, moins politisées, le principe reste le même : Lucky Luke est le gentil cow-boy, perpétuellement confronté à des vilains de toutes sortes. Si l'on s’intéresse de plus près à Jolly Jumper, il n'est pas qu'un fidèle compagnon. Son rôle de « poil à gratter » se rapproche en effet du fameux Tiers de la franc maçonnerie : il est celui qui vient introduire un peu de distance dans ce combat symbolique du Bien contre le Mal... Ce n'est qu'un exemple, car on trouvera dans l'ouvrage de multitudes références qui évoquent entre autres les thèmes du groupe, de la construction, mais aussi de personnages très célèbres ayant été des maçons, ou encore des codes propres à l'organisation (que même Hergé ou Hugo Pratt ont repris). Voici donc un ouvrage riche et très plaisant. Une incitation à la réflexion ludique, qui ne peut qu'enrichir encore plus votre imaginaire !