L'histoire :
De nos jours, en gare de Rome, une valise piégée explose à proximité immédiate d’un colonel et d’un caporal au service du Vatican, qui transportaient une relique ultra-précieuse confiée par le Pape en personne. Pour comprendre, remontons aux premières heures de la chrétienté. En 33, à Jérusalem, Jésus est crucifié sur la colline du Golgotha, exténué au terme d’un infâme parcours dans la ville, en portant sa croix. Durant trois jours, on l’humilie, on le tue, puis on l’enferme dans un tombeau protégé par une lourde pierre. Joseph, un riche négociant venu d’Arimathie, a acheté ce tombeau spacieux car il est secrètement séduit par les idées de Jésus. Il aide au transport, à la préparation du corps, et ne peut s’empêcher de recueillir un plein calice du sang de Jésus, coulant de son flanc. Or quelques jours plus tard, Joseph demande à s’entretenir avec le grand Nassi du temple, en marge des 71 sages du sanhédrin. Il lui avoue que le sang de Jésus n’a pas coulé, preuve irréfutable de la présence de Dieu dans ce corps. Le sage s’énerve : il faut détruire cette coupe, ou le temple n’y survivra pas ! De nos jours, l’archéologue français Julien de Saint-Volery reçoit une étonnante convocation téléphonique de la part d’un avocat new-yorkais. Une lettre de son grand-père lui est adressée, bien que rédigée avant sa naissance, retrouvée dans le coffre d’un juif exterminé dans un camp pendant la seconde guerre mondiale. Intrigué, Julien se rend au lieu de rendez-vous, à Zurich…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
30 ans après Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg, 15 ans après le Da Vinci Code de Dan Brown, il y aurait donc encore de la place pour une quête du Saint Graal ? Au scénario de ce thriller ésotérique en one-shot, Erick George-Egret, que certains connaissent sous le pseudonyme de Gordon Zola pour ses parodies de Tintin (Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou !) ose l’exercice. En contrepied de ses précédentes productions, il le fait de manière très sérieuse et documentée, à cheval sur plusieurs époques, avec son lot de flashbacks, de scènes d’actions, de courses-poursuites et de meurtres complotistes… Lui aussi très sérieux dans sa veine réaliste, bien qu’académique, le dessin de François Mougne se distingue surtout par le dynamisme de son découpage, parfois en une prolifération de petites cases, pour accentuer le sentiment de vitesse cinématographique (de biais, dès qu’il y a de l’action !). D’autres séquences plus ternes, ou à l’intérêt secondaire, donnent un sentiment d’éparpillement. Bref, toute la panoplie du genre, ni pire ni meilleure que tout ce qui a déjà été mainte fois exploité en BD (entre autre : Le Triangle secret, Cross fire, Le messager, Le dernier templier, Marcos, l’héritage du diable…). Bref, zéro pointé en matière d’originalité, mais un effort louable de se confronter aux codes des prédécesseurs, dans le registre du thriller réaliste. Au cours de sa quête riche en rebondissements, en voyages et en découvertes incroyables, le récit emmené par un héros forcément archéologue convoque donc les templiers, le Pape, l’abbé Saunière, Joseph d’Arimathie, mais aussi des exécuteurs sans pitié, des seconds couteaux alliés ou traîtres et Satan en personne. Bref, le contrat est rempli, mais un contrat tellement éculé…