L'histoire :
Au pays des Niams-Niams : 20 décembre 1857, Kyle Anderson, un naturaliste anglais, écrit à sa fiancée pour lui décrire le déroulement de son périple. Cette expédition a pour objectif de retrouver les Niams Niams : des indigènes avec une longue queue qui seraient le chaînon manquant entre l’homme et le singe.
Freak show and savages : 1925, Pennsylvanie, une petite fille noire retrouve des photos dans un porte-monnaie caché par sa mère. Parmi les clichés d’un cirque de freaks, il y a notamment celui d’une petite fille en cage qui lui ressemble étrangement.
Kaliñas : Paris, en 1882, une jeune femme issue d’un milieu favorisé assiste avec tristesse à l’exposition d’une famille d’indiens guyanais. Elle se rend quotidiennement au jardin d’acclimatation et entre en connexion avec une des petites filles de la famille.
Entre ciel et L’enfer : 1900, deux jeunes femmes du royaume d’Abomey acceptent la proposition d’un colon pour s’installer en France. Pour un salaire de misère, elles deviendront danseuses dans un cabaret essentiellement fréquenté par des hommes.
Volksgeneinscaft : Pologne 1941, la famille Kowalski se retrouve à la gare pour prouver la pureté de ses origines et éviter le sort qu’ont subi de nombreuses familles juives.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’esclavage a été aboli en Angleterre en 1833 et en France en 1848, la situation des gens de couleur n’a pas radicalement changé du jour au lendemain. Ce roman graphique est composé de 5 histoires ayant toutes pour thème la discrimination raciale entre 1857 et 1941. Chacun de ces petits récits sur fond de racisme moderne décrit des situations aussi abjectes les unes que les autres, qui ne peuvent laisser le lecteur indifférent. La première de ces histoires, à la différence des suivantes, adopte le point de vue de l’oppresseur : un naturaliste qui se comporte avec les indigènes comme avec la nature, c’est-à-dire en dominant qui a tous les droits. Trois des autres récits ont pour protagonistes des personnes de couleur qui sont exploitées soit comme des bêtes de foire, des animaux qu’on expose dans un zoo ou encore des individus assujettis, humiliés et dont les blancs bafouent toute dignité. L’épilogue est également une histoire de domination de l’homme sur l’homme avec des nazis obsédés par la pureté de leur race. Ces histoires qui mènent à mal l’humanisme du siècle des lumières sont aussi effroyables les unes que les autres, violentes psychologiquement comme physiquement. Et paradoxalement, c’est aussi ce qui fait toute l’intensité de ce livre. Pour accentuer le caractère dramatique de ces histoires, Amazing Ameziane dessine de nombreuses cases en ombres chinoises avec un découpage et un style très variés.