L'histoire :
En 1924, le poète romantique allemand Stefan George discute avec le jeune militaire Claus von Stauffenberg à l'emplacement du mausolée de Barberousse. Ils ont tous deux conscience que la défaite de 1918 laisse l'Allemagne dans une situation socio-économique exsangue. La Rhénanie est occupée par les alliées et le capitalisme américain a définitivement corrompu l'équilibre social de leur pays. Ils ont néanmoins tous deux la volonté de restaurer la fierté du peuple allemand. Or le seul parti politique qui semble être capable de redresser cette fierté est le parti nazi, alors animé par Adolf Hitler. Ils ont pleinement conscience que l'idéologie prônée par ce leader politique, qui sera légalement élu chancelier en 1933, est barbare. Mais le mouvement national-socialiste est trop puissant pour pouvoir être freiné ou détourné pour le moment. En compagnie d'autres artistes et intellectuels, ils fondent ainsi « l'Allemagne secrète », qui promet de relever l'Allemagne, comme le prédisent les mythes antiques. Dans les années qui suivent, Claus von Stauffenberg suit assidûment l'éducation militaire qui lui est prodiguée. Il tombe amoureux d'une jeune femme issue du même haut rang que le sien, Nina Freiin von Lerchenfeld, avec laquelle il se marie en septembre 1933. Le 4 décembre de la même année, Stefan George meurt, laissant derrière lui une « Allemagne secrète » divisée entre partisans et opposants aux nazis. Claus les voit toujours quant à lui comme un mal nécessaire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le saviez-vous, les nazis n'étaient pas tous des salauds. Authentiquement, le colonel von Stauffenberg, issu d'une aristocratie catholique, qui a néanmoins été un officier zélé et ennemi des alliés durant toute la seconde guerre, a plusieurs fois échoué à tuer Adolf Hitler. Et pourtant, ça n'est pas faute d'avoir essayé ! Sa conspiration a pris ses racines dans les idées d'un groupe d'intellectuels allemands appelé « L'Allemagne secrète », bien en amont de l'élection de Hitler au poste de chancelier. Et cette conspiration s'est ensuite patiemment étayée sur un vaste réseau (le réseau Walkyrie) qui a abouti à l'arrestation et la condamnation de plus de 5000 membres, après l'ultime tentative d'attentat ratée, la bombe dans son bunker de juillet 1944. Cette BD revient de manière fort didactique, mais hélas très doctorale sur le parcours de ce « nazi humaniste » (un terme contestable). C'est à dire que la lecture des 125 planches offrent un focus intéressant et relativement complet sur ce martyr de la seconde guerre et sa famille (au sens large), mais qu'un brun de romance et de narration séquentielle dans le scénario de Thomas Oswald n'aurait pas été du luxe pour éviter que ce soit aussi brut. Car le dessin en noir et blanc de Philippe Chapelle manque lui aussi d'âme. Il semble souvent recopier des décors ou des photos d'époque, ou lorsqu'il s'agit de portraits, dérouler une technique réaliste très mécanique. Au delà de la leçon d'Histoire, cette biographie pose tout de même une intéressante question philosophique et humaniste : le meurtre est-il vertueux en pareil cas. Une question qui rebondit sur le droit à la peine de mort pour les monstres. Peut-on tuer un homme, si cela peut en épargner des milliers ? Les auteurs opposent deux philosophes allemands sur cette question. Selon Kant, on ne peut pas assassiner, même si c'est pour faire le bien. « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle ». Ce à quoi Hegel lui rétorqua : « Vous avez les mains propres, mais vous n'avez pas de mains. Vous avez quatre heures...