L'histoire :
Adolescente, Shih-Jhen est pensionnaire dans un internat privé au milieu des montagnes, un institut réputé pour sa discipline stricte. Elle partage sa chambre avec trois autres filles. Le confort et les équipements sont spartiates et l'extinction des feux obligatoire à 21h. Elle subit quotidiennement des mots durs, des humiliations et des brimades de la part de ses camarades. Ses nuits sont agitées, elle a des insomnies et cauchemarde souvent. C’est ainsi qu’un soir, elle voit débarquer une créature étrange : un tapir peu sympathique et au langage fleurit. Ce dernier lui demande de faire des rêves pour s'en nourrir. Un tapir qui dévore les rêves, est-ce possible ? Son imaginaire ne lui jouerait-il pas des tours ? Elle seule le voit et l'entend. Il lui parle et lui raconte ses anecdotes nocturnes. Elle voit à travers les yeux de cet animal les cauchemars des autres écolières et comprend que certaines ne sont pas plus heureuses qu'elle ici. Le tapir essaie de la bousculer par des paroles dures, de lui faire comprendre qu'il faut parfois savoir passer outre les autres et leurs mots si blessants soient-ils. Un jour, la cagnotte de l'école prévue pour un voyage disparaît. Elle est accusée mais clame son innocence auprès des enseignants. Elle sait que les autres l’ont dénoncée ou plutôt piégée. Ses mots raisonnent dans sa tête : « Des gens disent t’avoir vu ». Elle craque et en vient aux mains avec sa rivale… puisque tout est contre elle et que personne ne la croit ou l'écoute, par désespoir, elle menace de sauter du haut de l’école dans le vide...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’autrice 61Chi est née à Taïwan en 1988. Touchée par la thématique d'une nouvelle (datant de 2015), elle décide d’illustrer cette prose en version BD. Le sujet du harcèlement scolaire et de la dureté des enfants entre eux est malheureusement toujours d'actualité. Ce titre évocateur sonne comme un aveu et annonce d’emblée la déprime du scénario. Le graphisme s'affirme sombre, fondu entre crayonné et aquarelles, très doux et à la fois très dur de par sa monochromie. Les émotions sont bien retranscrites à travers les traits des protagonistes. Le lecteur dispose de deux lectures complémentaires. La version BD est allégée par rapport à la version écrite, ce qui permet deux approches différentes de cette même histoire. À la fin de l’ouvrage, on peut en effet découvrir le conte qui a inspiré 61Chi. L’histoire originale est suivi d’un cahier de recherches et d'essais graphiques et d'une interview de l’autrice. Le harcèlement est un fléau sociétal accentué par l’accès facile et débridé aux réseaux sociaux. En quelques années, le phénomène s'est amplifié, au point d'entendre régulièrement des faits divers graves concernant des enfants, notamment chez les moins de 15 ans qui se suicident avec, pour origine, bien souvent le harcèlement scolaire.