L'histoire :
Toujours seyant et zen, l’aventurier Jérôme Moucherot accueille le lecteur et le met en garde : « Ne vous fiez pas aux apparences, regardez le monde en face. Le monde est de moins en moins ce qu’il parait. Le monde est une jungle où l’imprévu règne en maître. Il est temps que chacun éveille le fauve qui est en lui et devienne l’intrépide combattant de l’imprévu qu’il n’a jamais cessé d’être. » Vêtu de sa traditionnelle redingote léopard, ce guide bien utile présente différentes séquences BD et dessins humoristico-cyniques. Du haut de sa grande expérience, il nous rappelle régulièrement les dangers du monde sauvage moderne et montre qu’il est toujours sur le qui-vive, assommant tantôt King-Kong d’un uppercut, protégeant tantôt une femme fatale contre les funestes forces du mal. Il vente les mérites de la nouvelle collection « Pour les Nuls », avec Torturer pour les nuls, S’amuser pour les nuls voire encore Ne pas s’amuser pour les nuls ; et il incite à s’abonner au FN !! (Oui, le parti de la Figuration Narrative…)
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme la plupart des gazettes, celle-ci recueille des articles, des dessins humoristiques, des planches de « gags » cyniques, de fausses publicités, une BD morcelée, des petites annonces, des jeux et plein de formulaires d’adhésion bidon à remplir. Tout cela se présente dans un joyeux bordel, c’est d’ailleurs même leur raison d’être, leur principe intrinsèque, la nature de leur condition, aux gazettes. C’est en effet dans ce territoire sauvage de bordel que les gazettes s’épanouissent. Un territoire que connait bien le guide idoine, qui apparait tout au long de celle-ci en starring guest star : Jérôme Moucherot. Si cet alter-ego post-colonialiste de François Boucq est lui aussi un mâle dominant en toute décontraction, il se démarque de son créateur en portant la moustache, une veste léopard et un stylo dans le nez. Alternant créations et vieilles planches sorties des cartons, cette « revue de la stratégie du désespoir » prend pour propos central la forme d’un pamphlet antimilitariste. Boucq fulmine contre les forces du mal, qu’elles soient incarnées dans les puissants (idiots) de notre planète ou en tant qu’ombres pures et néfastes. Sous un abord absurde et pince-sans-rire, les ressorts cyniques sont cependant très convenus, un peu redondants et finalement peu chargés en ions zygomatiques. Boucq enfonce des portes ouvertes, mais il le fait avec tout le talent graphique qu’on lui connait : une griffe (roooaaâârrr…) réaliste toujours juste sur les personnages et leurs postures, avec un minimum de décors et majoritairement en bichromie.