L'histoire :
Bistrosophie : Toujours vêtu de son élégant costume léopard, Jérôme Moucherot devise, accoudé au zinc d’un troquet, en compagnie d’autres copains piliers de bar. Ils causent du mariage des homosexuels : faut-y ou faut-y pas les autoriser à se marier, d’abord, les homosexuels ? Non, parce qu’ils ont rien contre, a priori, mais y’en a qui sont capable de se mettre des hamsters dans le cul, quand même. Deux hippopotames qui se trouvent dans la salle prennent la parole pour parler de leur problématique hétéro à eux. Puis c’est un escargot qui la ramène au sujet du mariage compliqué des hermaphrodites, étant donné que son espèce peut s’auto-satisfaire. Entendant cela, Moucherot et son copain préfèrent s’échapper. Les hermaphrodites, on sait quand ils commencent, mais on sait jamais quand ça va finir… Plus tard, Jérôme Moucherot compare son beau pays, la France, au périmètre d’une liane dans la jungle. Certains primates sont capable de la défigurer, de déformer les limites de la démocratie, parce qu’au fond de leur ignorance, ils confondent le contenant avec le contenu. Comme si, en cassant le bocal, on empêchait l’existence de l’eau. Heureusement, grâce à sa belle flexibilité, notre belle démocratie reprend toujours sa forme initiale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers Jérôme Moucherot, Rock Mastard ou encore les Aventures de la Mort et de Lao-Tseu, François Boucq a souvent jonglé avec le registre de l’absurde, afin de pointer les comportements outranciers de ses contemporains, en une analyse pétrie de clairvoyance et de cynisme. En ce début d’année électorale et présidentielle 2017, le lillois étend cette méthode de décorticage impertinent, grinçant et décalé à la démocratie française, au sentiment de repli, à ce qu’il reste de rabougri aux espoirs de modernité… et à bien d’autres thématiques comme le sport, les gros, les vacances, le régionalisme, l’insécurité. Bien que découpé en huit chapitres, ce livre est un fourre-tout inégal mais souvent fendard, un recueil d’illustrations de presse, de courtes historiettes BD, de gags non-sensiques en une planche. Tantôt en couleurs, tantôt sur simples crayonnés, tantôt encrés en noir et blanc, ces travaux de haut niveau artistique (on ne se lasse pas s’encenser son aisance réaliste !) proviennent de diverses commandes ou inspirations spontanées (voir la bibliographie en fin d’ouvrage). Majoritairement emmenées par Jérôme Moucherot, les réflexions sociaux-politiques de Boucq en BD s’apparentent aux Mythologies de Roland Barthes ou aux caricatures d’Honoré Daumier, tant elles font sens et œuvre de salubrité publique. Boucq s’amuse à regarder, à reproduire, à alerter de manière sous-jacente, en se gardant bien d’être moralisateur. Il écorne diversement la consommation de masse, la connerie terroriste, la lepenite aiguë, la rigueur budgétaire, l’ère numérique, les fausses belles innovations, le mundial de foot…
