L'histoire :
Marion est Bleu. Elle est à la fois une femme, une mère et la dépression. Ça fait beaucoup de casquettes pour une seule personne. Elle crée cette petite tâche colorée pour raconter son histoire. A travers cette couleur bleue, elle fait vivre ses émotions. Cette forme l’aide à extérioriser ses ressentis, c’est une présence devenue indispensable à son quotidien de jeune maman. Même si elle sait qu’elle devra apprendre à vivre sans et accepter certaines choses pour l’instant, elle n’est pas prête. Dans sa tête, c’est un vrai ring, une succession de pensées négatives qui se bousculent face à des sentiments de culpabilité. Car la venue de son enfant ne devrait-elle pas la rendre heureuse ? Elle devrait être comblée par ce nouveau bonheur ! Elle aime Jaune. Alors elle ne comprend pas pourquoi elle a tant envie de pleurer, se sent seule, en colère, incomprise, enfermée dans ce nouveau rôle. Impossible de faire marche arrière, elle se sent coincée. Elle l’a pourtant voulu ce bébé, alors pourquoi elle n’y arrive pas, lorsque d’autres y parviennent ? Tant de questions sans réponse qui mènent à faire le bon choix : se faire aider. Elle le sait, cet état porte le doux nom de « Dépression Post Partum ». Un charabia inconnu avant d’avoir des enfants.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après des études de dessin, et une vie parisienne, Marion Nail rejoint la Bretagne pour y exercer en freelance. Baby bleu est son premier roman graphique, une autobiographie qui met l’accent sur la DPP (Dépression Post Partum), ce mal-être psychologique qui s'installe durablement après l’arrivée de bébé. L'air de rien, cette dépression touche 15 à 30 % des jeunes mamans. L'écriture exutoire va l’aider à comprendre et accepter ce nouveau rôle. Par son témoignage sans filtre, elle lève un tabou sur ces maux sur lesquels il n’est justement pas simple de mettre des mots. Elle insiste sur l’importance de se faire aider par un spécialiste. Ce mal-être n’est pas à prendre à la légère, car il est non « pris en charge » et peut conduire à des situations dramatiques pour la mère et/ou l’enfant, comme le relaient régulièrement les médias. Ces dernières années, le roman graphique a permis de mettre en lumière des faits sociétaux, dont pas mal de sujets liés à la parentalité. La DPP en fait partie. C’est de bonne augure, car plus on en parlera et mieux ce sera traité. La dépression est souvent un sujet difficile, les personnes qui y sont confrontées sont souvent seules, incomprises voire peu accompagnées. L'autrice a collaboré avec la psychologue Emeline Brachet pour écrire son livre. Elle l’a cite et la remercie en fin d’ouvrage pour son aide précieuse. Graphiquement simple et minimaliste, tout en bleu avec quelques nuances de couleurs, le scénario n’en reste pas moins lourd de sens, avec une retransmission des émotions parlantes et fortes. Avec un titre à double sens, une couverture évocatrice et une mise en page peu ordinaire, mais dans le cas présent essentielle, le texte paraît secondaire, on pourrait presque l’occulter. A ceci, Marion Nail ajoute une pointe d’humour qui permet de dédramatiser et libérer la parole.
