L'histoire :
Dans une classe de primaire, la maîtresse accueille Ultimex, un drôle de type en costard, puisqu'en guise de tête, c'est un énorme œil qui surplombe son cou. La présentation est de courte de durée et l'objet de sa présence est qu'il est là pour parler aux enfants du SIDA. Alors il prétend qu'il vit avec le virus du VIH depuis dix ans, et qu'on s'y fait. Bon, il faut prendre une tonne de médicaments par jour, mais finalement, c'est assez rigolo, c'est un peu comme devoir manger plein de bonbons. La maîtresse s'offusque de son discours et subitement, Ultimex s'énerve : « Sombre conne ! J'étais venu parler des drogues, pas du SIDA ! ». Fort courtoise, l'enseignante s'excuse derechef et rectifie aussitôt : « Les enfants, voici Monsieur Ultimex, qui est venu vous parler des drogues ». L'homme cyclope s'éclaircit la voix et avec une spontanéité stupéfiante, s'adresse alors à son auditoire : « Sachez, tous autant que vous êtes, que les plus fortes joies et les plus grands bonheurs que j'ai pu avoir dans ma vie, je les dois à la drogue ! »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les histoires contenues dans cet ultime recueil datent de la fin des années 2000, à l'époque où Gad les enchaînait comme un exutoire, sur un blog. On remonte donc à la source du délicieux et sulfureux Ultimex, sorte de cyclope à la méchanceté inouïe, qui tape systématiquement là où ça fait mal. Depuis, le personnage a fait un bout de chemin, au point d'être devenu culte et plus vraiment underground, tant son humour déjanté a séduit de nombreux lecteurs. Ultimex, c'est un condensé de délires provocateurs et pour paraphraser une autre sorte de monstre qui fait son bout de chemin dans la musique et dont les origines remontent aux mêmes années, « Qu'est-ce que c'est que ce truc ?... Ça t'étripe, ça t'attrape et ça fait pas de sentiments ! ». En cette époque, on parlait encore du « politiquement correct », terme idiot remplacé par la ridicule « bien-pensance » ; et Ultimex venait mettre un grand coup dans les glaouis de ceux qui s'y pliaient. Ce personnage charrie une violence sans bornes, qui n'est en réalité qu'une dénonciation volontairement grotesque de la violence sociale. Derrière la provoc' pure et dure, se cache un œil qui saute aux yeux, celui du ras le bol d'un discours policé, alors que la bourgeoisie est désignée comme le seul modèle social acceptable, alors même que le concept de classe sociale est purement et simplement nié par les gouvernants, quand le chômage de masse est devenu la contrepartie qu'il faudrait accepter d'une société de plus en plus riche. Oui, Ultimex est une œuvre politique, mais vachement plus marrante que ce que vous êtes ici en train de lire. Et si ce qu'on en dit ne vous plaît pas, hé bien allez vous faire f... heu, on veut dire qu'on vous invite avec la plus grande délicatesse à vous rendre chez votre libraire préféré pour le dégarnir de cet exquis volume et vous faire ainsi votre propre idée.