L'histoire :
Fanette n’a que 11 ans, mais elle montre déjà une idéologie écologiste particulièrement affûtée... a contrario de ses parents, prisonniers des habitudes consuméristes du « vieux monde ». Par exemple, elle impose l’autocollant « stop pub » sur la boîte aux lettres, au détriment de la détente procurée par le feuilletage du catalogue du camion de bricolage pour son père. Ou encore, lorsqu’elle se présente aux élections de délégués de classe, son programme en 4 points passe par 1/ la cantine bio, 2/ un chauffage au bois si nécessaire, 3/ une sieste obligatoire, mais aussi 4/ autogestion’ , co-optation des profs par les élèves, interdiction des notes et du redoublement. Plus tard, Fanette se révolte contre le refus de ses parents d’accueillir sur le long terme Mamie au sein de leur foyer. Son père explique que sa mère ne la supporte pas. Sa mère explique que son père se conduit comme un gosse lorsqu’elle est là. L’engueulade familiale bat son plein. Alors Fanette téléphone à sa grand-mère pour lui demander si elle accepterait qu’elle aille vivre chez elle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En France, un mouvement de la jeunesse a débuté au printemps 2019, qui se révolte contre l’inertie de notre société face aux nécessaires réformes écologiques. A l’instar de Greta Thunder en Suède, mais a un moindre niveau local (en circuit court, donc...),Fanette, personnage attachant et rebelle inventé par Aurel, est un parfait spécimen de ces jeunes révoltés. Elle a 11 ans, un appareil dentaire tout neuf, mais elle s’insurge vent debout contre ses parents – et les adultes irresponsables en général – qui se laissent négligemment porter par leurs réflexes sociaux et consuméristes. Elle leur met le plus souvent leur nez dans leur caca, mais ces derniers lui opposent aussi parfois les contradictions d’une argumentation tantôt pré-mâchée, tantôt irréaliste, tantôt coercitive au regard de ses propres habitudes d’ado connectée. Bref, au travers de ces strips de 4 cases en gaufriers réguliers, à la colorisation monochrome et au trait caricatural speed-drawing, le débat se mène à grand renfort d’arguments punshy et/ou de mauvaise foi, pour trouver une nouvelle façon de vivre ensemble en arrêtant d’abîmer notre environnement. Notez que la mise en scène se concentre sur l’héroïne, qui se retrouve le seul personnage, au centre de 100% des cases, sans grands efforts de décors. Aurel participe ainsi à sa manière de la transmission de l’urgence environnementale. Les ressorts finaux ne sont pas nécessairement comiques, mais les sujets sont variés et parfaitement sensés. Rarement jeunesse aura porté d’aussi pertinentes convictions. Et si nous écoutions un peu Fanette ?