L'histoire :
Deux hommes préhistoriques plein de poils de baladent insouciants, gourdin sur l’épaule, à proximité d’un volcan en pleine éruption volcanique. Soudain, l’un d’eux est écrabouillé par une roche gigantesque, avec des boyaux qui giclent partout. L’autre apprend aussitôt que c’est dangereux, les volcans en éruption. Il court prévenir… le premier gus qu’il rencontre, pour transmettre cette notion nouvelle. Les deux (nouveaux) amis font alors un bout de chemin ensemble. Lorsque la faim pousse le premier à attraper un fruit en forme de poire tordue et à croquer dedans. Pas de bol, le fruit était un poison violent. Il meurt sur le champ. Le survivant retient ainsi que ce fruit-là est mauvais. Il s’empresse de le dire à sa femme : ne surtout pas manger ce fruit… et il en profite pour la prévenir aussi que se balader sous les volcans en éruption, c’est tout aussi dangereux. Et tandis qu’il raconte cela, il marche sur un serpent venimeux qui le mord au pied. L’homme meurt aussitôt. Perplexe, la femme explique à un quidam qui vient à passer que les serpents, les fruits en forme de poire tordue et les volcans sont dangereux. Soudain, un troupeau d’aurochs en rut déboule sur le couple et piétine à mort la femme. Le quidam poursuit son chemin seul, jusqu’à transmettre l’information du quadruple danger à un autre… et ainsi de suite, jusqu’à ce que…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ha il en a fallu des expériences, des transmissions, des déductions, des ruses, des découvertes fortuites, des reproductions réussies et ratées, pour que les hommes préhistoriques finissent par apprendre de leurs erreurs, gagner en maturité, se civiliser et devenir les fringants lecteurs éclairés et contemporains que nous sommes. Voilà La grande aventure de l’humanité telle que décrite ici par Bouzard… évidemment avec force causticité et facétie. L’auteur prouve néanmoins qu’un peu de finesse n’empêche pas un monde de brutes. Car si l’humour est la raison première de feuilleter ces huit aventures bidonnantes, antédiluviennes et indépendantes, pleines de gourdins, de Captain Caverne et de bouses d’aurochs, il y a tout de même du fond. Bouzard explique par exemple la difficulté de la transmission du savoir dans la première historiette. Mais aussi, ensuite, respectivement : la découverte du feu (se chauffer), les techniques de chasse et l'acquisition du lait d’auroch (se nourrir), la réalité des sentiments (prouesses et danse nuptiale au menu), la découverte de la musique, des conventions sociales et des rivalités gratuites. Chaque sujet fait sens dans le registre de la bravitude et de la civilitude (sic), nécessairement acquises à l’époque pour cheminer vers le progrès. Fidèle au style Bouzard, le dessin humoristique stylisé et caricatural se décline ici en bichromie ocre (couleur sable et glaise, comme les parois pariétales). A noter que si ces historiettes sont aujourd’hui éditées par les nantaises éditions Rouquemoute, elles ont été publiées depuis 2010 en petits livrets pour les abonnés de Spirou. Certes, on a connu Bouzard plus irrésistible… mais public jeunesse oblige un peu de tempérance.