L'histoire :
Dans une grotte préhistorique, un homme est réveillé par sa femelle, très poilue, qui écrase une araignée sous son nez. Elle lui impose aussitôt de s’occuper de la cuisson d’un gros gigot. Mais elle s’aperçoit d’un truc incongru : le dessin sur une paroi de la grotte représentant la « tête à toto » (zéro plus zéro égale...), réalisée par son homme. Elle s’insurge violemment contre ce graffiti, tandis que l’homme était au contraire tout fiérot de sa prouesse. Elle lui file une mandale, lui pique le morceau de charbon qu’il a utilisé pour son dessin et réalise aussitôt des fresques de bien meilleure qualité représentant des antilopes et des aurochs. L’homme est tellement subjugué qu’il en attrape une érection. La femme utilise aussitôt cette occasion pour imposer à son Jules par la force une partie de jambe en l’air...
Jésus rentre chez ses parents après avoir passé la journée avec ses copains à faire du « water walking » (une sorte de surf). Il se fait enguirlander en raison de son look de djeunz décadent. Il a une couronne d’épines sur la tête et un t-shirt peace and love. Il refuse de livrer aux romains les croix que fabrique son père : il n’est pas un collabo, il a bien envie de changer le système. Et il méprise son père qui n’est pas vraiment son père, d’ailleurs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce recueil d’historiettes, dont le titre est emprunté en contrepied littéraire à Victor Hugo, Caritte s’est attaché à une entreprise iconoclaste de vandalisme sur quelques mythes de l’Histoire authentique et fictionnelle de la « pop culture ». Ainsi Jeanne d’Arc est présentée comme une nymphomane qui se pochetronne en compagnie de Gilles de Rai ; et Davy Crocket abuse du calumet de la paix qui le fait passer dans des mondes imaginaires euphorisants. La démarche parodique ou déjantée est certes efficiente... mais elle l’aurait été plus encore si elle avait été accompagnée d’un travail d’écriture scénaristique plus poussé. On a en effet le sentiment que Caritte a poussé ses sketchs (et le choix de leurs sujets) comme ça lui venait, avec juste la démarche un peu gratuite de les saborder rigoureusement et de finir dans la provoc’ et le foutraque, sans propos centraux prédominants. Cela donne tout de même lieu à des scènes folklos et hallucinantes parfaitement dans le ton de la « démythification ». Le dessin (forcément) caricatural et humoristique se révèle lui aussi tout à fait en adéquation avec le registre. Sont ainsi revisités à la sauce samouraï : les peintures pariétales, la vraie vie d’Obélix, Jésus, Jeanne d’Arc, les mousquetaires, la créature de Frankenstein, lord Greystoke alias Tarzan, Davy Crocket, Zorro, les amishes, de Gaulle en Don Quichotte, l’inspecteur Maigret, Scoubidou, Johnny Hallyday, les zombies et la conquête de l’espace. Un joyeux bazar, que n’aurait évidemment pas renié Victor Hugo...