L'histoire :
De grandes falaises blanches au milieu de l’océan. Une baleine se balade dans les eaux glacées, sort sa queue, plonge tout au fond et passe à côté d’un squelette. Le squelette d’une femme. Dans l’orbite vide se dessine l’histoire de cette femme, jetée du haut de la falaise par son mari mécontent. Sur cette étendue déserte, quelques barques de pêcheurs s’aventurent. L’un des Inuits, sur son canoé, lance sa ligne au fond de l’eau. Par malchance, son fil s’enroule dans l’ossature de la femme squelette. Sous le regard de phoques amusés, le squelette est tiré des profondeurs par le pêcheur. Désarticulé, semblant danser une danse macabre, le squelette arrive à la surface. Horrifié, le pêcheur veut le rejeter à l’eau, mais il s’est embroché dans le fil… Il pagaie, pagaie au milieu des orques et des morses, arrive sur la terre ferme, mais le fil est toujours accroché à lui. Le pauvre homme fuit de toutes ses forces, mais le squelette, qu’il traîne, semble le poursuivre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La femme squelette est un conte Inuit dont Cécile Vallade a pris connaissance en lisant la romancière américaine Clarissa Pinkola Estés. L’histoire est belle et poétique, d’une femme assassinée qui revient à la vie par l’amour d’un homme. Vallade a décidé d’en faire une sans paroles, et on a pourtant l’impression d’être accompagné tout le temps par une petite musique de film muet, tant les dessins de la Charentaise sont évocateurs. Majesté, silence et lenteur sont l’apanage de l’album, excepté au moment de la rencontre et de la fuite du pêcheur, magnifiquement burlesque. Le noir et blanc est magnifique. Les choix de séquençage sont justes et permettent à la jeune femme de laisser libre cours à son art et notamment au bestiaire qu’elle apprécie tant. C’est un beau livre, humaniste, drôle et merveilleux, qui accompagnera bien les longues soirées d’hiver.
