L'histoire :
Une fillette débarque pour la première fois dans la cour de sa nouvelle école. Elle est accueillie « fraîchement » par trois enfants plus grands qu’elle, qui lui annoncent clairement la couleur : si elle veut être acceptée, il va falloir qu’elle suive les règles ! Poum – c’est son prénom – a beau être plus petite et toute craquante avec ses cheveux bouclés, ses tâches de rousseur et sa salopette, elle ne se laisse pas embobiner aussi facilement. Avant de suivre certaines règles, elle aimerait bien comprendre pourquoi elle doit le faire. Les trois gamins lui disent que c’est la meilleure manière de ne pas avoir d’ennuis, et que c’est « l’autorité » qui décide. Et l’autorité, c’est la loi du plus fort, ou à défaut, celle de celui qui a réussi à convaincre les autres. Oui, mais Poum voudrait savoir ce qu’il se passe si elle, décide de faire autrement. Ça n’est pas parce que tout marche bien pour le chef ainsi, que tout marche bien pour ceux qui lui obéissent ! Le chef rétorque qu’il a tout de même été élu par les autres pour assumer ce rôle autoritaire. Poum n’est pas d’accord : avoir le choix, c’est aussi pouvoir choisir de ne pas avoir de chef…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Poum a une idée n’est surtout pas à classer avec Oui-Oui a perdu son doudou. Malgré son titre volontairement régressif et l’apparence infantile de son dessin, Poum a une idée s’adresse plus sûrement à un public ado-adulte. En tout cas, à des lecteurs en quête de repères politiques et/ou en proie à leur détermination sociale. En effet, par la bouche et les arguments d’une fillette craquante en salopette, le scénariste Richard Marazano fait ni plus ni moins ici qu’un éloge de l’anarchie, expliquée à ceux qui confondent encore avec le chaos. Car à la base, l’anarchie, ce n’est pas ce qu’on considère à tort comme le bordel. L’anarchie, c’est le refus de se soumettre d’une quelconque manière à une autorité, ou à des règles. Pour peu que tout le monde soit d’accord avec ces principes d’ultra-liberté et n’en profite jamais pour nuire à autrui, cette philosophie de vie semble idyllique. Telle est la démonstration de la petite Poum à l’endroit de camarades restés sur leurs principes d’ordre autoritaire et rétrograde. Une démonstration qu’elle annexe dans les dernières pages à une démarche écologique intrinsèque, même si elle reconnait le paradoxe de cet impératif qui est en soi une règle. Vu le sujet, la narration adopte le parti-pris d’un voyage symbolique, notamment dans un roller-coaster (grand huit), afin d’illustrer de paraboles des concepts forcément abstraits. Sur ces rails sensées, le dessin d’Angélique Césano emprunte moult techniques, du crayon gras à l’infographie, en un ensemble dépouillé mais cohérent. Ce petit bouquin au format souple vous amènera forcément à réfléchir.