L'histoire :
Nous sommes à New York, le 14 février de l’année 2000, en la salle de conférence du Town Hall. Un vétéran de la lutte pour les droits civiques est à l’honeur : Michaël Auster. En 1926, le garçon avait 10 ans et pêchait le gros dans le bayou du coin, en Floride. Il pêche avec ses amis Hatty Doyle et Archie Long quand un orage leur tombe dessus. Ils courent alors s’abriter dans la grange de l’oncle Howard chez qui vivait Mike depuis la mort de son père. Sous la paille, les trois garnements trouvent un « déguisement » composé d’une grande robe aube blanche et d’une capuche en pointe ne laissant percevoir que les yeux. L’oncle Howard les surprend et leur explique qu’un jour viendra leur tour de servir le Klan. Que voulait-il dire exactement ? Il faut attendre un pique-nique réunissant tout le voisinage pour que Michaël comprenne. Un bain après et quelques litres (alcoolisés) écoulés et quatre encapuchonnés débarquent la torche à la main, tirant contraint un nègre terrorisé. On le pend puis on brûle son corps. La scène fait naturellement forte impression chez le jeune garçon. A 10 ans, il a été témoin de l’assassinat du père de la petite Louisa, un métayer noir qui avait réussi à se mettre à son compte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un crochet par Philadelphie, la cité des Pères, ce 6e tome d’Amerikkka nous entraîne cette fois à Atlanta, au cœur de l’Empire. Retour aux sources, donc, avec une enquête de notre duo métissé, Steve et Angéla, sur les années où le Klan ne semblait craindre personne. Autour du personnage de Michaël Alister, héros (réprouvé par les siens) de la lutte pour les droits civiques, Roger Martin bâtit un scénario dense et bien rythmé, alternant flashbacks et contemporanéité. Le découpage se fait encore plus serré et, par là même, le trait vigoureux de Nicolas Otéro gagne en percussion. Point de génie mais une efficacité assurée sans faille au fil des pages. Jamais le lecteur ne se perd ou perd intérêt au récit développé. Du suspens, du charme, de l’Histoire et quelques autres astuces : cette Cité impériale convainc pleinement et conforte une série à succès. « Remarquable épisode » ? « Le meilleur à ce jour paru » ? Chacun se fera son avis. Cependant, quitte à se répéter, grand bien serait que tous, les fans pour sûr, comme les non-initiés, y jettent un coup d’œil. Le propos est certes engagé, un brun manichéen, mais sur ces questions on ne saurait transiger ! On ne sait combien d’albums nous réserve encore l’Amérique encapuchonnée ; de cette qualité, on aurait tort de se priver. Concluons par un clin d’œil à Wilmaury qui, préposé aux couleurs, rend une copie au diapason, sombre et violent, d’un ensemble relevé.