L'histoire :
Styrie, une province de l’actuelle Autriche. Laura vit dans une demeure féodale en compagnie de son père, officier à la retraite de l’armée autrichienne. C’est un coin où il n’y a pas âme : le plus proche village habité se trouve à sept milles. Laura se souvient d’un épisode qui la tourmente encore. Alors âgée de 6 ans, un événement étrange survient dans sa chambre. Un soir, elle aperçoit une jeune fille possédant un beau visage en train de la regarder. Elle est agenouillée, les mains sous son couvre-pied. Laura la contemple avec un émerveillement ravi. Elle éprouve un calme délicieux. Elle est réveillée par l’étrange sensation de deux aiguilles qui s’enfonce profondément dans sa gorge. Elle se réveille en poussant un cri perçant. La jeune fille s’écarte et se cache sous le lit. Elle disparaît… Des années plus tard, sa cousine Carmilla vient lui rendre visite. Quand elle enlève son chapeau, Laura est perplexe : le visage de Carmilla ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de la jeune fille qui est venue la hanter quand elle était petite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mythe du vampire puise ses origines dans les mythologies anciennes et il est présent dans bon nombre de cultures de par le monde. Il a influencé le cinéma de genre, du Nosferatu de Murnau au Dracula de Coppola (qui n’a pas pris une ride), en passant par Entretien avec un vampire, Underworld ou Twilight. C’est Bram Stoker qui exhuma la légende pour en faire un best-seller en 1897 et qui reste la référence pour les lecteurs. Peu de mortels savent qu’avant lui, un auteur répondant au nom de Joseph Sheridan le Fanu, écrivain irlandais, a évoqué le mythe en 1872 avec le roman Carmilla (qui a inspiré Bram Stoker). Pascal Croci, le spécialiste de la BD romantico-gothique était le plus à même pour adapter cette histoire qui fit beaucoup de remous dans la prude Perfide Albion. En effet, le Fanu aborde le lesbianisme du personnage. Croci lui emboîte le pas avec son trait subtil et empreint de romantisme. L’élégance de son dessin saute aux yeux et ne peut que se contempler. Les textes sont délicats et décrivent avec volupté la relation qui naît entre les deux jeunes femmes. Mais tout cela laisse une impression bizarre. C’est beau dans son ensemble, mais les deux éléments, textes et dessin, semblent ne jamais se rencontrer. Nul doute que les fans de Croci retrouveront avec un plaisir non dissimulé l’atmosphère si particulière de ses précédents albums. Quant aux autres, ils resteront circonspects…