L'histoire :
La fillette s'avançait silencieusement dans le vaste couloir du manoir encombré de tous ses trophées et décorations habillant les murs. Arrivée au salon, une autre jeune fille, brune cette fois, l'attendait, heureuse d'apprendre que la mission avait été un succès. « Charming snake » était dans la boîte et celle qui ressemblait à une vraie petite fille modèle aurait préféré être accueillie par le professeur. Car après tout, la marque du Grand Sphinx apposée sur sa prise plaidait pour son authenticité et donc, pour un travail bien fait méritant félicitations. Déçue, Morphine quitta la pièce en chemin inverse. Dehors, Fear la guettait. Son compagnon à poil au physique de loup était curieux de la suite du programme. La blondinette ouvrit la nouvelle enveloppe qu'on lui avait discrètement remise : ils devaient maintenant ramener vivant un poisson piranha. Une autre « chimère », de taille très probablement. Les vacances seraient pour plus tard. Pour l'heure, le professeur manquait encore de « matière zéro »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour peu que vous vous intéressiez au manga (ou à leur adaptation animée) vous connaissez forcément Fullmetal Alchimist, un titre où le héros au physique d'enfant œuvre aux beaux milieux des chimères à la recherche d'un remède pour sauver son frère... Voilà qui est résumé à grands traits mais l'essentiel y est, et c'est celui-ci que l'on retrouve ici. Premier album de la jeune Juliette Fournier, Morphine traite sous des allures enfantines de thèmes essentiels tels la naissance, la création, la mort, l'au-delà, etc. Bref, la réflexion métaphysique n'est pas absente d'un récit qui en dépit reste accessible au plus grand nombre. A la manière des meilleurs auteurs japonais – ou de nos contes traditionnels pour enfants – ce récit d'une petite fille née du Grand Sphinx, adoptée par l'humanité, décrit l'ambivalence qui caractérise notre nature, sur le fond et la forme, entre l'âge adulte et avant, le doute ou la foi, rêve et réalité, l'homme face à la nature... La liste n'est pas exhaustive. Et malgré un découpage trop sage, un sentiment graphique proche parfois d'un « amateurisme » amélioré, la magie fonctionne, au point que ces 120 pages ont un goût de trop peu. L'essentiel est sans doute révélé mais il y avait sans doute encore tellement à dire. Avec la candeur et l'envie de mieux faire qui habite des débuts, sous ses dehors « kawaï » en somme, cet album fait court : à suivre ?
