L'histoire :
Atteint d’un cancer irrémédiable, le richissime banquier Charles Gubler n’a plus que trois mois à vivre. Pour quelqu’un qui a toujours tout contrôlé, il est hors de question de se voir imposer une lente agonie. Il décide alors de tirer le meilleur profit de sa propre mort, en mettant en compétition ses deux bras droits. Celui qui trouvera l’assassinat le plus rentable héritera de sa fortune et de sa banque. L’un d’entre eux, Marcel Krohn, trouve un plan astucieux qui lui permet de garder les mains propres. Il propose de laisser son concurrent, Hans Blatter, appliquer sa méthode, et ensuite de le dénoncer dans les médias ! Un article à scandale sur l’assassinat de Gubler par son successeur, ne manquerait alors pas de produire une certaine publicité. Mais au moment où il applique ce plan à la lettre, il s’aperçoit que Gubler et Blatter l’ont dupé à l’aide d’un plan encore plus machiavélique et… encore plus juteux. Emprisonné, abandonné de tous, il s’aperçoit en outre que sa nouvelle maîtresse a rejoint le camp adverse. Il essaie de se battre devant les tribunaux et découvre alors l’outil financier révolutionnaire de Blatter, « Today », élaboré pour faire profiter la banque de la mort de Gubler : coter la Mort en bourse !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En essayant de pousser le machiavélisme financier à son paroxysme, le récit de Matthias Gnem perd paradoxalement un peu de son cynisme dans ce second et dernier volet. Le plan de Blatter pour faire fructifier la mort en bourse est assez bancale (et totalement improbable d’un point de vue éthique) et l’auteur peine à l’expliciter simplement. De plus, le double jeu de Chantal/Julia (la compagne suicidée de Marcel, ressuscitée sous la forme de la journaliste à scandale) paraît invraisemblable. Certes, il s’agit plus ici d’une parabole du capitalisme dans ce qu’il a de plus féroce, que d’un thriller réaliste dans le milieu bancaire. Avec une fin appropriée, la première partie du diptyque se suffisait à elle seule. Astucieuse et palpitante, elle s’était révélée un tel bijou de cynisme morbide, qu’elle occulte un peu cette suite toutefois honnête. Mis en images sur un mode graphique strictement similaire au premier tome, le dessin sera peut-être moyennement apprécié par les amateurs de BD « classique ». Entièrement réalisé en couleurs directes, gouaches et crayon gras à profusion, il participe pleinement à une forme d’art contemporain sans doute chargé, mais parfaitement maîtrisé. Après quelques cases, toutefois, la narration subtile fait oublier ce style particulier, un peu saturé en couleurs.