L'histoire :
Sur la vitre de l’aérogare il est écrit : « Amazing Himalaya ! », géniale Himalaya ! Tout juste descendu de l’avion, Arnaud se demande bien pourtant ce qu’il est venu y faire. L’adolescent est venu retrouver à l’autre bout du monde, au Népal, son père. Le jeune homme l’a peu côtoyé depuis le divorce de ses parents et lui en tient rancune. Quel père digne de ce nom abandonnerait sa femme et son fils pour sa passion, la montagne ? (…) Cette aventure débuta très loin de là, à Paris, chez sa mère. Arnaud n’a que faire des études et passe son temps rivé à son ordinateur. Sa mère s’inquiète pour son avenir et s’interroge. Comment aider son fils à se (re-) trouver, lui qui refuse toute forme d’autorité et n’entend pas même passer ses examens cette année ? L’idée mûrit doucement de l’envoyer rejoindre un temps son père à Katmandou. Patiente, elle parvient à vaincre les réticences d’Arnaud qui entame une préparation physique d’envergure. L’objectif étant d’être capable à terme de réussir l’ascension du mont Everest (8848 m), Sagarmatha comme l’appelle les Népalais, en compagnie de son père. L’exercice grandeur nature du refuge de Chamonix au sommet du Mont Blanc (4807 m) ayant été probant, voilà donc Arnaud arrivé au pied de « la montagne dont la tête touche le ciel » face à un père qu’il rejette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quelle ambiance règne donc sur le toit du monde ? Si peu le savent. Les Tibétains l’appellent « Chomolangma » – déesse mère du monde – les Népalais Sagarmatha (d’où le titre). Il est plus connu sous le nom que lui donnèrent les Anglais, en hommage à l’un de leur compatriote, le Mont Everest. 8848 m : le plus haut sommet du monde. Difficile d’imaginer plus bel écrin pour raconter une histoire d'alpinisme. Une histoire de montagne mais aussi (et surtout) une histoire humaine, celle d’un père et d’un fils confrontés à eux-mêmes. Très intelligemment, Patrick Weber double son récit montagnard d’une relation humaine difficile. Peurs et limites physiques se conjuguent aux maux relationnels existant. Afin de réussir l’ascension, de vaincre la montagne, de surmonter les obstacles (!), il leur faudra au préalable dépasser leurs différents et faire la paix. Défis de taille. La narration est impeccable ; au dessin pour son premier album, Renaud Pennelle renverse aussi des montagnes. D’abord méfiant devant un trait faussement emprunté, le lecteur est vite gagné, page après page, par le rendu obtenu. Au fur et à mesure que la lecture progresse, les perspectives proposées séduisent. La mise en couleur est incroyable de jugeote et sublime, sans doute possible, le crayonné. Quelle ambiance règne donc sur le toit du monde ? Une dominante blanche et bleutée qui offre des planches de toute beauté, dans les Alpes d’abord puis surtout là-bas, dans l’Himalaya, la tête dans et au dessus des nuages, si près du ciel. Quelque chose de cela. Un dossier figure en fin d’album pour qui souhaiterait tenter l’aventure. Quand partez-vous ? Mon sac est déjà fait. L’alpinisme, sujet rare en bande dessinée (relisez le Sommet des dieux de J. Taniguchi) trouve ici un bien bel avocat. Un album coup de coeur !